Une nouvelle illustration de l'état déplorable des prisons françaises. A Seysses, près de Toulouse (Haute-Garonne), un détenu a attrapé en février dernier la leptospirose, une maladie bactérienne transmise notamment par l’urine de rat, selon un rapport de l'Observatoire international des prisons (OIP) publié lundi.
L'homme a été hospitalisé dans un état grave, en service de soins spécialisés. Il a en effet contracté une forme sévère de leptospirose, rapporte l'OIP. Si cette maladie est souvent bénigne, elle peut conduire à de l’insuffisance rénale, voire à la mort dans 5 à 20 % des cas, selon l'Institut Pasteur.
Les rongeurs, en particulier les rats, sont le principal réservoir de cette maladie, qui touche 600 personnes par an en France, via leur urine. La maison d'arrêt de Seysses en est infestée, «jusque dans les cellules» selon la victime.
L'homme risquait d'autant plus d'attraper la leptospirose qu'il dormait sur un matelas posé à même le sol, dans une cellule partagée avec deux codétenus. Et ce, comme quelque 180 autres de ses collègues, selon un décompte effectué fin février par des contrôleurs travaillant pour la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL).
Un taux d'occupation de 171,3 %
La faute à la surpopulation carcérale à Seysses. Au 1er février 2021, la partie réservée aux hommes du centre pénitentiaire présentait un taux d’occupation de 171,3 %, d'après l'OIP.
La direction de la prison se défend en assurant à Actu Toulouse mener des actions «préventives» et «curatives» pour limiter la présence de rats, telles que des campagnes de dératisation ou des nettoyages quotidiens des pieds des bâtiments.
Selon l'OIP, la contamination de ce détenu à la leptospirose est «symptomatique des conditions de détention dégradées dans des établissements surpeuplés». En janvier 2020, la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) pour «conditions de détention inhumaines et dégradantes», l'invitant à prendre des mesures contre le «surpeuplement» carcéral.
Au 1er avril 2021, le taux d'occupation des 187 prisons français s'élève à 107 %, mais monte à 125 % dans les maisons d'arrêt, qui abritent les deux tiers des détenus.