La fin d'une expérience hors du temps et de la lumière. Les 15 membres de la misson Deep Time volontairement confinés dans une grotte en Ariège pendant 40 jours ont retrouvé ce samedi 24 avril la lumière du jour et ont commencé à raconter ce qu'ils ont vécu.
Selon la plupart des participants, ce séjour est marqué par la désynchronisation du sommeil, mais aussi par «l'émerveillement» face à cet environnement «extraordinaire».
Sans montre, téléphone ni lumière naturelle, les 15 volontaires, avec à leur tête l'explorateur franco-suisse Christian Clot, ont dû s'habituer aux 10,5 degrés et 100 % d'humidité de la grotte de Lombrives, en Ariège, générer leur propre électricité par un système de pédalo et puiser l'eau à 45 mètres de profondeur.
«L'humidité est très impactante. On a vu au fur et à mesure du temps et des fatigues, les besoins de nourriture augmenter», a déclaré M. Clot, qui a longuement pris la parole devant la presse.
Les autres participants ont notamment souligné qu'ils avaient l'impression que beaucoup moins de temps s'était écoulé lorsqu'ils ont été prévenus que la période de 40 jours était finie.
Au cours de l'expérience, les participants ont aussi constaté une grande disparité concernant les cycles de sommeil. Ainsi, lorsque certaines personnes se levaient, d'autres se couchaient. «On n'avait pas de repères temporels», a expliqué Tiphaine Vuarier, une psychomotricienne de 32 ans.
Un retour à la réalité
Affirmant qu'il venait d'apprendre qu'il y avait «un nouveau confinement en France», Christian Clot, fondateur du Human Adaptation Institute, a aussi parlé de «replongée dans la réalité», notant que l'absence de masque dans la grotte avait constitué «une forme de liberté intéressante».
Toujours selon l'explorateur franco-suisse, Deep Time vise à étudier nos capacités d'adaptation à la perte de repères spatio-temporels, une question soulevée notamment avec la crise sanitaire.
Bien que des chercheurs y soient associés, la démarche est accueillie avec scepticisme par d'autres scientifiques qui soulignent l'absence d'un cadre suffisamment «rigoureux». Néanmoins, Etienne Koechlin, directeur du laboratoire de neurosciences cognitives à l'Ecole normale supérieure (ENS), qui participe aux recherches de Deep Time, défend son caractère «novateur».
Ainsi, des données sur le cerveau et sur les capacités cognitives des participants recueillies avant l'entrée dans la grotte seront comparées à celles recueillies à la sortie afin notamment d'étudier les changements du système nerveux liés à cet environnement exceptionnel.
Au total, Deep Time aura nécessité 1,2 million d'euros de financement, auquel ont participé des partenaires privés et publics.