C'est une zone inaccessible au public, devenue l'un des rares lieux d'habitation à Paris pour de nombreuses espèces protégées. La darse du Rouvray, située sur le canal de l'Ourcq (19e), est aujourd'hui menacée par des travaux de réaménagement. L'association PAZ milite pour qu'elle devienne un «sanctuaire pour animaux». Une manifestation est prévue ce mercredi.
Peu de gens, y compris parmi les habitants du 19e, connaissent la darse du Rouvray, tant son emplacement est resté confidentiel. Perpendiculaire au Canal de l'Ourcq, ce petit bassin est situé le long du quai de la Garonne, bordé par la Cité jardin et localisé non loin de la Grande Halle de La Villette.
«Un site extrêmement sauvage»
«C'est un site sauvage où l'on trouve beaucoup d'arbres et d'arbustes [...] mais aussi neuf espèces protégées dont des martins-pêcheurs, des cygnes, des rouges-gorges ou encore des pinsons des arbres», explique Amandine Sanivens, la présidente de l'association Paris Animaux Zoopolis (PAZ), qui se dit «très inquiète» quant à l'avenir des lieux.
La cause de son angoisse ? Le réaménagement des berges de la darse, où un bâtiment en dur doit venir remplacer les Algecos dans lesquels travaillent aujourd'hui certains agents de La Villette. Rien de grave sur le papier, sauf que, selon Amandine Sanivens, le permis de construire prévoit de détruire les herbes hautes et buissons où nichent les animaux mais surtout d'ouvrir le site au public via deux nouvelles entrées.
«Cela fait un an que l'on demande à la ville de protéger cette zone», continue Amandine Sanivens. D'un côté «tout le monde semble favorable à la préservation des lieux», mais de l'autre, la direction de l'urbanisme et la mairie du 19e ont émis «des avis favorables sans aucune réserve sur la question des animaux et de leur habitat», ajoute-t-elle.
Une possible sanctuarisation ?
Et il y a urgence selon elle, alors que les travaux ont déjà commencé. A tel point que l'association a imaginé un projet de sanctuarisation de ce petit bassin : la darse resterait fermé au public, séparée d'un côté par un grillage et seulement ouverte aux agents de La Villette de l'autre. La pêche y serait interdite, et deux radeaux végétalisés y seraient installés.
Un projet auquel adhère la municipalité parisienne, qui répond néanmoins que le site appartient à l'Etat, et qu'à ce titre, c'est lui qui reste décisionnaire. «Ce n'est pas un projet porté par la mairie en tant que tel [...] et le permis de construire a été délivré par l'Etat», explique Christophe Najdovski, l'adjoint à la mairie de Paris chargé de la biodiversité et de la condition animale.
Récemment en visite sur le terrain, l'élu assure avoir bien pris conscience «de la menace pour la biodvisersité de la darse du Rouvray, ainsi que pour les oiseaux qui y vivent et qui y nichent». C'est la raison pour laquelle il assure avoir «fait part de [ses] demandes à l'Etablissement public de La Villette de manière à avoir cette sanctuarisation», avant d'ajouter : «s'il le faut, on saisira la ministre de l'Environnement sur cette question, je n'imagine pas que l'Etat puisse porter des projets qui menacerait la biodiversité».
Et de conclure : «aujourd'hui, on demande à l'Etat de faire en sorte que le projet n'impacte en rien le fonctionnement de la darse et la biodiversité qui s'y est installée, afin qu'elle reste un havre de paix comme elle l'est aujourd'hui [...] et de faire en sorte qu'a minima on ait une zone tampon qui préserve la darse de toute prsssion humaine».
Une manifestation prévue le 28 avril
Pour Amandine Sanivens, le «point fondamental» réside en effet dans le fait de ne «surtout pas ouvrir le site au public». «Que les gens qui y travaillent y accèdent ne pose pas de problème, que le bâtiment soit construit non plus, mais encore une fois le projet, c'est vraiment de raser la zone, en y installant une composition paysagère, une pelouse et une mare», regrette la militante.
A l'appel de l'association Paris Animaux Zoopolis, une manifestation est prévue mercredi 28 avril. Le rendez-vous est donné avenue Jean Jaurès (19e), devant l'entrée principale de la Grande Halle de La Villette, au métro Porte de Pantin, à 14h. «On va tout faire pour empêcher que cela se fasse», prévient Amandine Sanivens. Y compris sur le plan juridique, puisque l'avocate de l'association étudie actuellement les possibles recours.