Deux ans jour pour jour après le terrible incendie qui a partiellement détruit la cathédrale Notre-Dame de Paris, l'enquête est toujours en cours pour déterminer les causes du drame. Pour autant, les travaux de reconstruction du célèbre monument parisien ont déjà bien avancé.
Point d'étape, alors qu'Emmanuel Macron doit se rendre sur place ce jeudi 15 avril 2021. Accompagné par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot ainsi que par la maire de Paris Anne Hidalgo, le président de la République devrait visiter les planchers hauts de la cathédrale ainsi que les voûtes du chœur. L'occasion pour lui de rencontrer et remercier toutes les équipes qui travaillent depuis des mois à la reconstruction du célèbre monument parisien.
ce qui a déjà été réalisé
L'important chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris n'aurait pas pu débuter sans le nettoyage méticuleux du parvis et des alentours de l'édifice. Une tâche qui s'est révélée être un véritable casse-tête, après la découverte d'importantes disséminations de particules de plomb.
Une vaste opération de décontamination a donc d'abord dû être menée pendant plusieurs mois, avant d'entreprendre quoi que ce soit d'autre. L'incendie avait en effet provoqué la fonte et la libération de plus de 450 tonnes de plomb présent dans les parties détruites du monument.
L'autre danger provenait de l'échafaudage calciné, installé avant l'incendie autour de la flèche en vue de sa rénovation. Depuis le drame, il menaçait de s'effrondrer. Il a donc été entièrement démonté en décembre dernier, et 28 cintres ont été posés afin de soutenir les arcs-boutants, et consolider au plus vite la structure.
Un chantier titanesque et méticuleux, tant sa réussite était indispensable pour lancer une bonne partie des travaux. Au total, ce sont près de 40.000 tubes qui ont été sciés un à un pendant six mois, le plus souvent par des cordistes de métier suspendus au coeur de la cathédrale défigurée.
En parallèle, plusieurs équipes étaient chargées de déblayer – au début à l'aide d'un robot chercheur –, trier et inventorier les vestiges de la cathédrale, ainsi que les objets de valeur qui pouvaient être sauvés. L'ensemble des des voûtes du chœur, de la nef et de la croisée des quatre voûtes adjacentes du transept ont été également été nettoyées.
Ce qui a permis de mener un chantier "test" sur deux des 24 chapelles de la cathédrale. Les chapelles Saint Ferdinand et Notre-Dame de Guadalupe ont ainsi été restaurées pendant environ 6 mois, permettant ainsi de définir un protocole de nettoyage de restauration qui sera généralisé à l’ensemble des autres chapelles. Enfin, le grand orgue – qu'il a fallu démonter en 8000 tuyaux répartis en 115 jeux – a été évacué en fin d'année 2020.
Ce qui est en cours
C'était l'une des étapes les plus importantes du chantier : la sécurisation de Notre-Dame de Paris va s'achever cet été, condition nécessaire pour lancer la reconstruction «à l'identique» de la cathédrale début 2022. Entre les surcoûts liés aux émanations de plomb et ceux liés aux diverses interruptions du chantier pendant la pandémie, elle est estimée à plus de 165 millions d'euros.
Pour cela, l'heure est à la construction d'échafaudages à l'intérieur de la cathédrale sur près de 27 mètres de hauteur dans le chœur, les transepts et la nef et à la pose d'une soixantaine de cintres en bois sous les voûtes, afin de les consolider provisoirement. Dessinés sur mesure, ces cintres viendront soutenir les 6 voûtes les plus fragilisées.
A noter également qu'un millier de chênes – nécessaires à la restitution de la flèche, du transept et des travées adjacentes – ont été sélectionnés pour la moitié dans des forêts publiques et pour l'autre moitié dans des forêts privées, grâce à la générosité de nombreux donateurs.
Enfin, un parapluie géant installé à la croisée du transept en cours de pose et sera installé d'ici quelques jours «pour le printemps 2021». Il devrait permettre d’assurer la mise hors d’eau de la cathédrale.
Ce qu'il reste à faire
Si beaucoup a déjà été fait, le plus gros des travaux restent encore à faire. Selon les informations communiquées par l'Etablissement public chargé de cet immense chantier, «les travaux de restauration à proprement parler commenceront cet hiver, à la suite des appels d’offres de travaux dont certains sont d’ores et déjà engagés».
Par ailleurs, l'Etablissement public a d'ores et déjà fait savoir que le projet de restauration en chêne massif de la charpente de la nef et du chœur de Notre-Dame avait été validé par la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA). «Nous allons maintenant pouvoir avancer résolument vers les travaux de restauration de la charpente», s'est félicité le président de l'Etablissement public, le Général Jean-Louis Georgelin.
2024 comme ligne de mire
Quant à la date de la fin des travaux de reconstruction : difficile d'imaginer que le chantier puisse intégralement achevé le 15 avril 2024, cinq ans après l'incendie. Si cette date a été avancée comme celle de la toute première messe célébrée dans la nef après l'incendie, il est fort à parier qu'il restera encore beaucoup à faire pour accueillir à nouveau le public.
«Nous sommes dans les temps pour rendre la cathédrale au culte en 2024. Même s'il restera encore beaucoup de travail», a d'ailleurs fait savoir le Général des Armées Jean-Louis Georgelin, choisi par Emmanuel Macron à la tête de l'établissement public chargé de conduire le chantier en cinq ans.