La République en marche (LREM) célèbre ce mardi jour pour jour ses 5 ans. Fondé par Emmanuel Macron le 6 avril 2016, dans la perspective de la présidentielle de 2017, le parti majoritaire est aujourd'hui aux prises avec de nombreux défis et, ce faisant, l'heure n'est pas vraiment à la fête.
«Cette année, on va rester très discrets. L’heure n’est pas à la grosse bamboche, ni aux discours d’autocongratulation», prévient ainsi dans les colonnes du Parisien un ministre de premier rang sous couvert de l'anonymat.
La première raison tient logiquement à la crise sanitaire. Les Français sont confinés et les ministres, députés, et cadres du parti doivent faire de même. Faire une fête, sous quelle forme que ce soit et même en respectant scrupuleusement la jauge des six personnes et les gestes barrières, pourrait ainsi avoir un effet dévastateur sur l'opinion. Cela d'autant plus après la diffusion d'un reportage accablant, dans lequel un individu affirme que des ministres ont participé à des dîners de luxe à Paris.
L'homme, identifié depuis comme étant le collectionneur Pierre-Jean Chalençon, est revenu sur ses affirmations et assure désormais qu'il s'agissait «d'humour». Plusieurs ministres avaient quoi qu'il en soit balayé ces accusations, mais pour beaucoup de Français, le doute s'est installé. Une enquête a été ouverte dans l'intervalle pour faire la lumière sur l'affaire.
LREM marque le coup par un meeting en distanciel
Dans un tel contexte, LREM devra donc se contenter cette année pour marquer le coup d'une réunion publique «en distanciel». Son but : «Revenir à la promesse initiale d’En marche, c’est-à-dire remettre la thématique de l’engagement au cœur de notre action, donner aux citoyens les moyens de changer les choses», résume, toujours dans le Parisien, Stanislas Guérini, le délégué général du parti présidentiel.
Organisé ce soir, ce meeting en ligne se fera sur la forme d'une heure trente de prise de parole et d’échanges filmés depuis un studio, le tout en visioconférence et sans public. A l'animation, les porte-parole Maud Bregeon et Mounir Mahjoubi. La présence de Marlène Schiappa, ministre chargée de la citoyenneté, et de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-Mer, est également confirmée.
Emmanuel Macron profitera-t-il de l’occasion pour y faire une apparition ? Pour le moment, nul ne le sait. Les militants connectés seront de toute façon à n'en pas douter aux aguets. Beaucoup se rappellent en effet qu'en janvier dernier, lors des voeux de bonne année en ligne de Stanislas Guérini aux adhérents LREM, le président avait, à la surprise générale, «passé une tête» face caméra. Une première et un événement d’autant plus notable que les signes d’intérêt d’Emmanuel Macron pour sa base ont été rares depuis le début du quinquennat.
Mais ces derniers temps, et surtout après la désillusion des municipales, Emmanuel Macron a semblé manifester davantage de considération pour son «mouvement», mot qu'il préfère d'ailleurs à celui de parti, comme pour sans cesse rappeler le besoin impérieux de dépasser le clivage droite-gauche, alors même que les statuts de LREM sont bien ceux d'un parti politique.
Et si dans les rangs du parti présidentiel, donc, beaucoup redoutent un nouveau fiasco aux régionales (toujours prévues en juin prochain, NDLR), c'est bien sûr et surtout la présidentielle 2022 et la perspective d'un match au coude-à-coude contre Marine Le Pen qui est dans toutes les têtes.
Sur le papier, le parti majoritaire est pourtant en position de force pour pouvoir affronter au mieux le match et porter à nouveau Emmanuel Macron à la fonction suprême. Outre des sondages globalement favorables, LREM reste en effet majoritaire à l’Assemblée nationale, compte 420.000 adhérents revendiqués, et, surtout, un trésor de guerre de quelque 100 millions d'euros accumulés au titre des aides publiques allouées aux partis politiques. De quoi pouvoir même s'installer, d'ici à l'été, dans un QG flambant neuf de 2.800 mètres carrés dans le XVIIe arrondissement de Paris.
Mais en creux, la crise de confiance est profonde. En septembre dernier, le député de Paris Pierre Person avait ainsi sonné l'alarme en jugeant, dans un entretien au «Monde », que le mouvement «ne produit plus d’idées nouvelles», et avait démissionné de ses fonctions de numéro 2 du parti. Un départ qui, le soir même, avait donné lieu au sein des instances dirigeantes à une mémorable et ahurissante confrontation, digne des plus grandes sagas familiales.
Force est de constater pourtant qu'il n'y a pas que chez LREM que les idées nouvelles peinent à émerger. Ou plus exactement, elles ont souvent du mal à imprimer chez les Francais. Les Républicains ont ainsi repris leurs conventions nationales pour acter des contre-propositions, mais, crise du coronavirus oblige, celles-ci doivent aussi se tenir aussi en ligne. Même chose au Parti socialiste avec son «live des idées».
Paradoxalement, en étant le plus exposé, LREM a davantage la capacité de se faire entendre sur son futur projet pour la France. Encore faut-il pour cela retrouver l'émulation des débuts. Le parti veut en tout cas croire en un réveil. Au printemps, LREM proposera ainsi à ses adhérents de créer des «causes» partout en France, comme ils avaient fondé autrefois des «comités». Ces centaines de causes, qui sont en réalité tout autant de propositions concrètes issues de la base, seront ensuite regroupées dans des «coalitions» : environnement, justice, solidarité... avant qu'enfin, un comité d’experts en tirera des idées destinées à alimenter le programme du candidat.