Un guet-apens organisé avec l’aide de six personnes, pour mettre fin aux jours d’un ex-conjoint jugé violent. Une trentenaire et cinq complices comparaissent à partir de ce mardi devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, pour une tentative d’assassinat.
Lors d’une soirée d’août 2017, après un dîner au restaurant, Amandine S. et Jimmy C. (30 et 37 ans à l’époque) se promenaient dans la forêt de Bondy avec leur fils de 3 ans. Sur un chemin, ils croisaient un homme entièrement habillé en noir et installé sur un vélo. Tenant une arme, il avait alors soudainement tiré sur le père de famille.
Touché mais pas tué, Jimmy C. est désormais paraplégique, ne se déplaçant que sur un fauteuil roulant.
Interrogée par les forces de l’ordre, son ex-compagne (ils étaient séparés depuis la naissance de l’enfant) avait d’abord donné plusieurs versions des faits. Puis elle avait reconnu avoir organisé le piège, afin de tuer le père de son fils. Face aux enquêteurs, elle s’était expliquée en parlant de «violences» et d’une «emprise» se manifestant par des appels nombreux pour la surveiller et des humiliations. Pour l’avocate d’Amandine S., le procès qui s’ouvre ce mardi devra ainsi s’attacher à explorer l’«emprise psychologique» de la victime sur l’accusée. Celle-ci avait déposé quatre mains courantes pour violences conjugales, en 2016, et deux procédures pour violences volontaires par conjoint avaient été ouvertes en 2014 et 2016.
Des complicités familiales
Toujours est-il que son compagnon, connu pour des faits de violences conjugales et de trafic de stupéfiants, est celui qui s’est fait tirer dessus. Passé par la prison, «il s’est rangé des voitures» depuis qu’il en est sorti, indique son avocate. Celui-ci a «tout perdu» depuis le guet-apens tendu par son ex-conjointe, rappelle-t-elle.
Au total, ce sont six personnes qui seront jugées pendant deux semaines par la cour d’assises. Amandine S. et le tireur répondront de tentative d’assassinat. Ce dernier, âgé de 26 ans au moment des faits, a avoué sa participation et l’a expliqué comme un geste de bravoure pour défendre une femme battue. «Il a une personnalité très influençable», plaide son avocate. Le père et le frère de la commanditaire sont eux jugés pour complicité, puisqu’ils ont reconnu avoir permis de rechercher et de payer le tireur. Deux intermédiaires seront eux aussi présents, tout comme la belle-sœur de la principale accusée, pour «abstention volontaire d’empêcher un crime». Les deux femmes ont notamment échangé des textos codés, où il était question de «travaux de la salle de bain» quand il s’agissait de recruter le tueur à gage.
Le procès doit s’achever le 16 avril.