Son rapport était très attendu. Le Conseil scientifique a transmis ce lundi 29 mars ses recommandations au Premier ministre concernant la tenue des élections régionales les 13 et 20 juin prochain face à l'épidémie de coronavirus.
Devant une «situation épidémique difficilement prévisible», l'entité présidée par le professeur Jean-François Delfraissy a refusé de donner son avis sur l'opportunité d'organiser le scrutin en juin. Elle a en effet renvoyé à l'exécutif la responsabilité «éminemment politique» de décider d'un nouveau report des élections régionales et départementales.
En revanche, le conseil scientifique a fait une série de préconisations afin de limiter le risque sanitaire si les élections – prévues en mars dernier et déjà reportées une fois – devaient bien se tenir.
L'organisation
Si le couvre-feu est encore en vigueur courant juin, l'instance conseille «qu'une dérogation exceptionnelle pour aller voter soit prévue ce jour-là jusqu'à la fermeture des bureaux», qui seraient tenus «par des personnes vaccinées».
Ceux-ci pourraient d'ailleurs rester ouverts «plusieurs jours», pour permettre aux électeurs de moins se croiser. Enfin, un créneau horaire particulier, «par exemple de 9h à midi», pourrait être réservé aux publics les plus vulnérables.
La localisation
Autre axe : le conseil alerte sur la difficulté d'organiser le scrutin dans les écoles comme cela se fait habituellement. Il faudrait en effet prévoir un protocole de nettoyage très strict pour la reprise des cours dès le lendemain dans les établissements concernés.
A contrario, en comptant sur la météo généralement ensoleillée en juin, le conseil envisage la possibilité d'installer les bureaux de vote en extérieur.
La campagne
Concernant la campagne électorale en elle-même, le comité de soignants admet que cette démarche «est de nature à multiplier les contacts sociaux voire physiques». En conséquence, il plaide pour un «nouveau modèle», basé sur les «moyens dématérialisés». On peut penser aux réunions par Internet ou à l'envoi de messages via les réseaux sociaux.
Les meetings et rassemblements physiques, eux, seraient à bannir.
Le vote
Pour éviter les risques de contamination, le conseil scientifique milite pour l'utilisation massive du vote par procuration, qui doit être «encouragé et rendu largement accessible». Idem pour le principe de la double procuration.
Mais l'instance «regrette» que la digitalisation des votes et le vote par correspondance «ne puisse être envisagé» pour ce scrutin.
Le report
Le conseil scientifique estime que si le gouvernement souhaitait remettre les élections régionales à plus tard, «les risques de contamination seraient sensiblement moindres qu'au cours du mois de juin en raison d'un niveau prévisible de vaccination nettement plus élevé».
A sujet de l'hypothèse qui tient la corde, celle d'un report à l'automne, l'instance écrit d'ailleurs «qu'en septembre 2021, la couverture vaccinale devrait avoir progressé, permettant de réduire l'impact sanitaire de la pandémie». Sans pour autant oublier «qu'un relâchement des gestes barrières est possible avec une reprise de l'épidémie», tout comme l'apparition d'un nouveau variant.
«Comme prévu par la loi, le gouvernement remettra au Parlement d'ici le [jeudi] 1er avril un rapport sur la base de cet avis, qui donnera lieu également à une consultation des formations politiques», a fait savoir Matignon ce lundi soir.