A quatre mois des élections régionales, prévues les 13 et 20 juin prochain, la campagne entre dans une phase plus concrète en Ile-de-France. Tandis que la ligne de départ se précise, le candidat écologiste Julien Bayou a officialisé le ralliement de Benoît Hamon, ex-candidat PS à la présidentielle, ce mercredi 10 février.
Il était parti en campagne avant tout le monde, en août dernier, et se montrait le plus actif en multipliant les déplacements et les prises de parole. Mais en recevant Benoît Hamon et Corinne Lepage (présidente de Rassemblement citoyen - Cap21, en visio) à son local de campagne dans le 19e arrondissement de Paris, Julien Bayou a envoyé un message fort à ses rivaux ce mercredi.
Car outre son image de rassembleur, le secrétaire national d'EELV a aussi avancé sur le fond. Reprenant l'idée en vogue et chère à l'ancien socialiste, Julien Bayou s'est engagé à «lancer un test de revenu universel en Ile-de-France», s'il est élu. Concrètement, un revenu de base «de 750 euros ou 1.000 euros» pourrait être versé «à de petites communautés», a-t-il expliqué.
Conférence de presse commune entre @julienbayou et @benoithamon , avec @corinnelepage en visio#Regionales2021 en Ile-de-France pic.twitter.com/4ZF9ri5Z0i
— Lucas Biosca (@LucasBiosca) February 10, 2021
Benoît Hamon, qui entend bien «demander à Julien Bayou de pouvoir piloter cette expérimentation», a ensuite précisé que la mesure pourrait entrer en vigueur «très rapidement après l'élection, pour une durée de 1 ou 2 ans». Un «laboratoire de sciences sociales d'une université» serait chargé d'examiner son efficacité, a développé le fondateur du parti Génération.s, qui sera numéro 2 sur la liste écologiste dans les Yvelines.
Pour faire bonne mesure, Julien Bayou a aussi égratigné la politique de la présidente sortante, Valérie Pécresse, trop axée sur «l'attractivité pour les entreprises et pas assez sur le bien-être des habitants», selon lui. Le candidat EELV a promis de mettre en place 2 indicateurs qui guideront sa politique : celui de la «bonne santé» et celui des «emplois créés».
Autain au top, Pulvar dans le dur
A gauche, l'insoumise Clémentine Autaine avance également ses pions. Après avoir enregistré le soutien des communistes courant janvier, la tête de liste LFI va lancer officiellement sa campagne ce jeudi 11 février à 18h. Coronavirus oblige, l'événement se tiendra sur les réseaux sociaux.
Après s'être déclarée officiellement le 26 janvier, Audrey Pulvar démarre plus poussivement. Avec plusieurs déplacements hors de Paris, l'adjointe à l'agriculture d'Anne Hidalgo, soutenue notamment par le PS, ratisse discrètement le terrain francilien. Mais le 6 février, une tribune accusant son père d'avoir été un «pédocriminel» a éclaboussé la candidate Ile-de-France en Commun, enrayant quelque peu la dynamique qu'elle tente d'enclencher.
«La seule question de LREM est de savoir comment rallier la droite au second tour. La seule préoccupation de son candidat Laurent Saint-Martin, c'est de devenir vice-président de Valérie Pécresse à la région. Alors que nous nous préoccupons des Franciliens, avec des propositions pour la jeunesse, le logement, les transports, les aides aux entreprises», contre-attaque auprès de Cnews Rachid Temal, le directeur de campagne d'Audrey Pulvar. Dans cette idée, une plate-forme participative citoyenne sera lancée «sous 10 jours».
Chez LREM, le nouveau candidat officiel, Laurent Saint-Martin, semble encore prendre ses marques. Désigné en remplacement de Jean-Michel Blanquer, le rapporteur général du budget de l'Assemblée nationale a fort à faire alors que le gouvernement planche sur la relance économique. Mais le député du Val-de-Marne a tout de même trouvé le temps de rassembler sur Zoom plusieurs centaines de marcheurs franciliens, mercredi 3 février au soir, pour amorcer la campagne macroniste.
D'autant qu'un sondage – commandé par LREM – publié ce mercredi 10 février par Europe 1 crédite Laurent Saint-Martin de 16 % d'intentions de vote, en deuxième position derrière Valérie Pécresse. Soit autant que Jean-Michel Blanquer dans la dernière enquête, datant de fin décembre. Rassurant pour le parti présidentiel, malgré le manque de notoriété du nouveau candidat.
Valérie Pécresse «encore à la tâche»
De son côté, la sortante Valérie Pécresse continue d'occuper son costume de présidente de région, meilleur argument de campagne possible. «Elle est encore à la tâche. En pleine crise, il est hors de question pour elle de mettre en pause l'action de la région», souligne-t-on dans son entourage. «Les autres peuvent continuer à s'agiter mais pour l'instant, leur campagne est très décevante, voire atterrante», juge un proche de l'élue Libres!, ex-LR, joint par téléphone.
Enfin, seul le Rassemblement national semble encore immobile. Evoquée depuis plusieurs mois, la candidature du vice-président de Marine Le Pen, Jordan Bardella, tarde à se concrétiser. Cette campagne électorale dans la première région de France réservera sans doute des surprises jusqu'à la ligne d'arrivée.