Restaurants et bars fermés, lieux de culture également, couvre-feu à 18h, reconfinement localisé le week-end… Alors que les Français se plient déjà à d’importantes restrictions sanitaires pour endiguer l’épidémie de coronavirus, la crainte d’une aggravation des mesures se fait de plus en plus sentir.
Après Dunkerque, les Alpes-Maritimes ou le Pas-de-Calais, d’autres villes ou départements pourraient à leur tour subir un tour de vis cette semaine. Voire une région entière ?
L’Ile-de-France semble en effet se trouver sur une crête dangereuse, d’où elle risquerait de basculer vers un reconfinement. Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a en effet affirmé dimanche que face à la situation «inquiétante dans laquelle se trouve la région francilienne, le confinement «n’est pas tabou». «Tous les outils sont sur la table, et (il) en fait partie», a-t-il indiqué.
LES LITS DE RÉANIMATION SCRUTÉs DE PRÈS
Les évacuations de patients vers d’autres zones du pays se préparent d’ailleurs pour désengorger les hôpitaux locaux et éviter que les services soient débordés. Le taux d’occupation des lits de réanimation en région parisienne atteint en effet 96%. Le gouvernement a justifié ces transferts en indiquant, via son porte-parole Gabriel Attal, faire «tout pour ne pas avoir à prendre des mesures plus contraignantes pour les Français». Il a cependant affirmé une nouvelle fois que «dès lors que ce sera nécessaire, nous prendrions toutes les mesures appropriées».
Si la forte densité de population de l’Ile-de-France la place logiquement en situation délicate, cet effet loupe ne doit pas occulter le reste du territoire, majoritairement en difficulté face au Covid-19 et ses mutations. «Depuis quelques jours, il se passe quelque chose, et nous voyons l’effet plein de la variante britannique qui est maintenant majoritaire dans 80 à 85 départements», a ainsi expliqué le professeur Salomon. Problème, «cette variante est plus contagieuse, plus virulente». Elle est donc susceptible de toucher plus de personnes et fatalement, d’augmenter le nombre de celles devant se faire hospitaliser ou placer en réanimation.
Or, avec 4.100 lits de réanimation occupés sur les 6.733 «armés» (selon une enquête de La Montagne) que comptent le pays, la marge restante pourrait s’amenuiser rapidement (ces derniers jours, de 200 à 400 personnes y sont admises quotidiennement). Problématique, puisque ce taux de remplissage est un indicateur pouvant pousser les autorités à durcir les mesures.
Un risque de désaveu pour le gouvernement ?
Le spectre d’un nouveau confinement total plane donc toujours autant au-dessus de l’Hexagone, même si l’exécutif veut à tout prix l’éviter. Son acceptation, alors que les jours s’allongent et que le printemps arrive, s’annonce risquée, de même que ses conséquences pour l’économie et le moral du pays. Ce serait également un désaveu pour le pouvoir, qui avait surpris en janvier dernier en ne le décrétant pas, misant sur le fait que la situation pourrait être gérée.
Dans ce contexte, l’Association des maires de France a fait part de sa volonté de voir les élus locaux se faire confier le droit de décider si leur commune doit ou non de se reconfiner ou durcir le couvre-feu. «En fonction de l’évolution locale du virus», explique son porte-parole François Baroin. Une territorialisation qui permettrait une plus grande efficacité des mesures, selon lui. Pour le gouvernement, ce choix signifierait cependant un abandon de son pouvoir de décision et la reconnaissance de son incapacité à organiser lui-même la lutte contre l’épidémie sur le territoire. Ce serait alors un autre désaveu cinglant pour lui, tandis qu’il est déjà largement critiqué pour les difficultés que rencontre la campagne de vaccination.
Toujours très commentés, le Conseil de défense de mercredi et la traditionnelle conférence de presse de jeudi seront donc une nouvelle fois particulièrement scrutés. Les annonces qui en sortiront seront attendues avec inquiétude.