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Les dérives sectaires augmentent en France, avec 140.000 personnes concernées

Le mouvement Qanon, venu des Etats-Unis, a notamment fait l'objet de dix signalements en France depuis 2020.[STEPHANIE KEITH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Le phénomène concerne 140.000 personnes en France, dont 90.000 enfants et adolescents, issus de «toutes les classes sociales». Selon une note remise au gouvernement, l'Hexagone connaît une recrudescence des dérives sectaires, avec 500 groupes dénombrés.

Cet état des lieux a été réalisé par la police, la gendarmerie et la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), à la demande de Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté.

Dans un entretien à l'Obs, cette dernière explique que le rapport issu de cette enquête «montre que les sectes, aujourd'hui, ça n'est plus ou plus seulement Charles Manson, l'Eglise de scientologie ou le Temple solaire, mais beaucoup de petits groupes». Marlène Schiappa précise que «sur la seule année 2020, la Miviludes a reçu 3.000 signalements, dont 700 ont été évalués comme sérieux».

Parmi eux, 40% concernaient des groupes liés à des questions de santé, de bien-être ou de médecine alternative. Selon la note reçue par le gouvernement, les signalements en la matière «ne cessent d'augmenter» et «touchent l'ensemble du territoire». Les stages de jeûnes extrêmes ou le crudivorisme sont notamment représentés. Selon Marlène Schiappa, un théoricien de cette dernière pratique, qui consiste à se nourrir d'aliments crus, a fait l'objet de «600 saisines» à lui seul. Une enquête pour «mise en danger de la vie d'autrui» a été ouverte à son encontre.

Quelque 25% de ces signalements sont également liés à des mouvements religieux. La Miviludes souligne notamment le «prosélytisme abusif» des Témoins de Jéhovah pendant la crise sanitaire. Le rapport fait aussi état de 383 alertes concernant des églises évangéliques, dont certaines «se développent grâce à des influences étrangères, qui prônent des valeurs contraires (à celles) portées par la République française : refus de l'égalité femme-homme, diabolisation de l'homosexualité, thérapies de conversion».

Dix signalements liés au mouvement Qanon

Le complotisme, s'il «ne peut être considéré comme une dérive sectaire dans son acception juridique» répond néanmoins «aux critères de dérives et de nocivité» sous certaines de ses formes. Le mouvement Qanon notamment a fait l'objet de dix signalements depuis 2020. La Miviludes souligne le fait que «l'augmentation des membres et diffuseurs de ces fausses informations inquiète au regard de la prochaine élection présidentielle».

Les mouvements liés au survivalisme et à la collapsologie font également l'objet d'une vigilance. Le rapport revient notamment sur la mort d'Ulysse Tâm Hà Duon, dans le Morbihan, le 11 août 2020, après avoir ingéré une plante toxique lors d'un stage de survie.

Marlène Schiappa explique que les dérives sectaires «reposent sur trois piliers : une idéologie, un gourou et un phénomène de sujétion psychologique, d'emprise». La recrudescence du phénomène n'est pas sans lien avec la pandémie, qui constitue une épreuve pour tous et surtout pour les personnes fragiles ou seules. La ministre déléguée à la Citoyenneté indique ainsi qu'«une vingtaine de procédures judiciaires ont été engagées contre des personnes qui ont profité de cette crise pour développer en France une emprise sectaire».

Pour que ces groupes restent sous surveillance, Marlène Schiappa a annoncé son intention de «renforcer la Miviludes» en nommant une magistrate à sa tête : Hanène Romdhane. Dans son entretien à l'Obs, la ministre promet de la rapprocher des «agents de Bercy», de la police, de la gendarmerie et de la justice pour qu'elle dispose de tous les outils nécessaires.

Un «conseil d'orientation» dédié à la lutte contre les groupes sectaires sera aussi prochainement installé auprès de Marlène Schiappa. Il sera composé des représentants des ministères, d'experts, de parlementaires et d'associations. Une circulaire sera également adressée à tous les prefets de France afin de les appeler à la vigilance et de leur demander, si nécessaire, de signaler les dérives sectaires rencontrées sur leur territoire.

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