L'école maternelle de la rue de Paradis (10e) ne deviendra pas un local de la future police municipale. Pas tout de suite en tout cas. Le Conseil de Paris a en effet voté la (ré)ouverture des discussions à ce sujet, mardi 2 février au soir. Celles-ci devront donc reprendre, bouleversant par la même occasion la carte scolaire de l'arrondissement pour l'année prochaine.
Fermée depuis la rentrée 2019, l'école maternelle Paradis (10e) – vétuste et très fortement dégradée – devait être remise en état, avant de rouvrir aux élèves du quartier. Sauf que face à la baisse du nombre d'enfants qui y sont scolarisés, la mairie du 10e avait finalement proposé de réserver l'établissement à d'autres usages, notamment à l'accueil d'une antenne de la future police municipale mais aussi de la Maison de l'enfant. Un projet porté par Dominique Versini pour accueillir les familles et les enfants victimes de violences.
Face à ce choix qui semblait effectivement définitivement arrêté, certains parents des élèves qui y étaient scolarisés s'étaient mobilisés contre ce projet, organisant plusieurs manifestations devant la mairie du 10e arrondissement. Ils ont désormais en quelque sorte obtenu gain de cause, avec l'adoption au Conseil de Paris d'un amendement porté par les élus du groupe communiste au sujet de la sectorisation des écoles du quartier.
Une concertation sur la table
En conséquence, il faudra repasser par une «concertation avec les parents d'élèves, la communauté éducative, les élus et habitants du 10e» avant qu'une décision finale soit officialisée, se réjouit le groupe communiste. Et au vu du nombre de personnes mobilisées contre le projet, peu de chance qu'in fine ce soit la police municipale qui remporte les suffrages. Une «victoire» pour le groupe communiste, «alors que Paris se vide de ses jeunes familles». «Nous ne pouvons réduire les espaces de la ville destinés aux enfants. Nous devons garantir la réversibilité des sites amenés à ne plus être temporairement utilisés par l’Éducation nationale», peut-on lire sur leur communiqué.
[VICTOIRE]
Nous obtenons que la sectorisation scolaire du 10ème soit revue après concertation avec les parents d'élèves, la communauté éducative et les habitant-es.
L'école Paradis ne doit pas devenir une antenne de la police municipale. @jnaqua #ConseildeParis pic.twitter.com/CvWLdSDRyt— Groupe Communiste et Citoyen de Paris (@EluesPCFParis) February 2, 2021
Les parents du collectif #sauvonslesecolesparis10 et de @UL10_FCPEParis devant l'hôtel de ville pour dire non à la fermeture de l'ecole Paradis @pbloche @Anne_Hidalgo @ACORDEBARD
Petition https://t.co/B7dm5FBaCM@FCPE_nationale @FCPE_Paris @arenasfcpe pic.twitter.com/U955zwMapa— UL10 FCPE Paris (@UL10_FCPEParis) February 2, 2021
Un avis partagé par Bertil Fort, élu LR du 10e arrondissement. Pour lui, le problème de fond est «celui du départ des familles du 10e». «Entre 2015 et 2020, les écoles maternelles ont accusé «- 25 %» de baisse de fréquentation dans les écoles maternelles. «Un chiffre très conséquent», résultat «d'une qualité de vie moyenne pour un prix du logement assez élevé», souligne-t-il. Pour autant, ce proche de Rachida Dati se réjouit qu'une «phase de concertation soit relancée [...] entre la mairie du 10e, les parents d'élèves et les élus [...] de façon à ce qu'on évalue l'opportuinté de maintenir l'école Paradis ouverte». «On n'a pas les modalités précises, ajoute-t-il, on en saura plus lors d'un prochain conseil municipal du 10e, prévu le 1er mars».
Alexandra Cordebard, la maire PS du 10e arrondissement, «regrette» quant à elle la décision de différer l'adoption du projet de sectorisation des écoles de son arrondissement, car cela empêche, selon ses propos, «d’adapter l'offre scolaire à la démographie existante et va à l’encontre de l’intérêt des familles». «Cela nous complqiue beaucoup la rentrée de l'année prochaine», explique l'élue, qui assure que la fermeture de l'école Paradis avait permis de maintenir des classes ouvertes dans d'autres écoles du quartier.
Le risque selon la maire avec la possible réouverture de l'école Paradis, c'est donc que des classes soient fermées dans les autres écoles situées aux alentours : «au moins une fermeture de classe à l'école de la rue de Chabrol ou encore à l'école Schwartzenberg». Des classes dont le maintien avait déjà été «négocié et obtenu» avec le Rectorat selon la maire. «Aujourd'hui, il faut tout recommencer», déplore Alexandra Cordebard.