Après la démission de Michèle Rubirola, après six mois à la tête de la mairie de Marseille, son premier adjoint, Benoît Payant, a été élu ce lundi matin à l'issue du conseil municipal extraordinaire organisé. Avec 53 voix, soit la majorité absolue, le socialiste de 42 ans devient le plus jeune maire de la cité phocéenne.
L’ancienne maire devrait quant à elle reprendre le poste de première adjointe. Une inversion des rôles qui interroge au sein de l'opposition. La droite n'a d'ailleurs pas pris part au vote, dénonçant une «forme de déni de démocratie».
«Être maire à Marseille, c’est 300% de son temps. J’en donne 150. 300%, ce n’est pas toujours évident», avait concédé Michèle Rubirola le 15 décembre, lors de son discours de démission. «J’ai pris la décision de quitter mes fonctions de maire de Marseille», avait-elle poursuivit. Une décision qui fait suite à différents problèmes de santé dont souffre l’ancienne maire et également médecin, qui a dû subir une intervention chirurgicale au mois de septembre.
Lors de cette prise de parole, elle avait évoqué le duo qu’elle forme avec Benoît Payan, son premier adjoint. «Un duo qui intrigue», a-t-elle souligné. «Nous formons un binôme, et je souhaite que ce binôme continue, mais s’inverse, et que Benoît devienne maire. C’est de son énergie et de son expérience dont Marseille a besoin aujourd’hui.»
Car en effet, Michèle Rubirola et Benoît Payan forment un duo inattendu. Elle est issue de la société civile, médecin généraliste de profession, et a commencé sa carrière politique dans le parti écologiste Les Verts (qui devient Europe Écologie Les Verts en 2010). Lui s’est engagé très jeune au Parti Socialiste (PS), et est fort d’une solide expérience en politique. Il a travaillé auprès de Michel Vauzelle, président du conseil régional, et auprès de l'ancienne ministre Marie-Arlette Carlotti. Il est lui-même élu conseiller municipal à Marseille en 2014, et est par ailleurs proche d’Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
Ils commencent à travailler ensemble en 2015, après leur élection au poste de conseillers départementaux.
Payan A renoncÉ à sa candidature AUX MUNICIPALES
Son expérience politique lui aurait permis d’envisager le rôle de tête de liste Le Printemps Marseillais, union des différents partis de gauche (dont EELV, PS, LFI, PC...) lors des élections municipales de 2020, mais sa candidature ne faisait pas l’unanimité chez les écologistes et chez la France insoumise, notamment à cause de son profil trop «professionnel de la politique» et de ses attaches au PS. Il a donc renoncé à sa candidature et préféré soutenir Michèle Rubirola, plus à même de réussir à rallier les différents courants de gauche, et s'est ainsi assuré une place de numéro 2.
Pourtant, celle qui a succédé à Jean-Claude Gaudin n’aurait jamais eu l’intention de rester maire pendant les six ans de son mandat. «Tu es au courant que je ne reste que trois mois ?», aurait-elle avoué à François Lamy, ancien ministre de la ville qu’elle souhaitait nommer directeur de son cabinet, au mois de juillet, selon une enquête menée par Le Monde.
Un scénario déjà écrit ?
Un accord prévu d’avance ? C’est ce que craignent divers membres de l’opposition. Saïd Ahamada, député de la 7ème circonscription des Bouches-du-Rhône, déclare : «J’espère que ces raisons de santé ne masquent pas un accord conclu avant même l’élection municipale, auquel cas ce serait une duperie.»
Je souhaite à @MicheleRubirola un prompt rétablissement. C’était un bon signal que d’avoir une femme Maire de @Marseille. J’espère que ces raisons de santé ne masquent pas un accord conclu avant même l’élection municipale, auquel cas ce serait une duperie. @BFMTV #Direct pic.twitter.com/0uQKwOKTpb
— Saïd Ahamada (@saidahamada) December 15, 2020
Bruno Gilles, sénateur des Bouches-du-Rhône, dénonce un «tour de passe-passe indigne» : «Le vote est bafoué. Méprisé. Nié», déclare-t-il dans un communiqué.
Comme les Marseillaises et les Marseillais, j’apprends que #Rubirola a démissionné de son poste de Maire de #Marseille pour tenter de devenir Première Adjointe.
Elle abandonne Marseille, elle abandonne les Marseillais et elle fuit ses responsabilités. pic.twitter.com/eMhcgPTu5D— Bruno Gilles (@brunogilles13) December 15, 2020
Les partisans du Printemps Marseillais saluent toutefois le courage de Michèle Rubiola d’avoir reconnu ne pas être en capacité d’assumer ses fonctions, et soutiennent son échange avec Benoît Payan : «Nous soutenons unanimement la volonté de voir Benoît Payan dès demain continuer de porter notre projet et notre collectif à la tête de la mairie. Ensemble, avec Michèle Rubirola et Benoît Payan, nous poursuivront notre travail pour faire de Marseille une ville plus juste, plus verte et plus démocratique», a annoncé le collectif.