L'homme qui avait traité Gérald Darmanin de «sale violeur» en juillet dernier lors d'une cérémonie d'hommage au père Hamel a été déclaré coupable d'outrage par le tribunal correctionnel de Rouen, a indiqué son avocate ce lundi.
«Il doit s'acquitter de 100 jours amendes à quinze euros, soit 1.500 euros. Si ce n'est pas payé, ce sera cent jours de prison», a déclaré à l'AFP Chloé Chalot, qui a affirmé qu'elle et son client allaient faire appel dès ce lundi. «Ça relève de la diffamation et non de l'outrage», a-t-elle déploré.
Le 26 juillet dernier, le prévenu, ajusteur dans l'industrie automobile, avait lancé «sale violeur, Darmanin, sale violeur», alors que le ministre de l'Intérieur allait commencer son discours d'hommage au père Hamel depuis le parvis de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime). C'est dans cet édifice religieux qu'avait été assassiné Jacques Hamel en 2016 par deux terroristes islamistes se réclamant de Daesh.
Interpellé et placé en garde à vue en compagnie de plusieurs autres personnes ayant elles aussi pris à partie Gérald Darmanin, l'homme à l'origine de l'insulte a finalement été le seul à être poursuivi, pour «outrage de nature à porter atteinte à la dignité ou au respect dû à la fonction» du ministre «dans l'exercice de ses fonctions».
Darmanin visé par une plainte pour viol
Lors de son audience le 23 novembre dernier, il avait reconnu les faits mais assuré que son acte n'était pas prémédité. «Même si je sais que je n'ai pas utilisé les bons mots, je ne regrette pas d'avoir pris la parole car c'est une des seules façon de se faire entendre actuellement», avait-il dit à la barre. A l'appel de la CGT, plusieurs dizaines de personnes, dont quelques «gilets jaunes», avaient manifesté devant le tribunal. Le parquet avait requis 140 heures de travaux d'intérêt général avec exécution dans un délai de 18 mois, et trois mois de prison en cas d'inexécution.
Gérald Darmanin fait l'objet depuis 2017 d'une plainte pour viol de la part d'une femme, Sophie Patterson-Spatz. Elle raconte s'être adressée à lui en 2009, alors qu'il était chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP (devenu LR), pour tenter de faire annuler une condamnation. Elle l'accuse de lui avoir fait miroiter son appui en échange de faveurs sexuelles. Gérald Darmanin confirme qu'il y a bien eu rapport sexuel, mais affirme qu'il s'agissait d'une relation librement consentie et à l'initiative de la plaignante.
Classée sans suite dans un premier temps, la procédure a été relancée par la cour d'appel de Paris, qui a demandé en juin la reprise des investigations. Gérald Darmanin aurait dû être entendu début décembre, «sans mise en examen envisagée» selon ses avocats, mais l'audition a été reportée à la demande de ces derniers.