Après les polémiques sur les pollutions de la Seine, Julien Bayou, le secrétaire national d'EELV, est monté au créneau lundi 7 décembre contre l'agrandissement d'une usine de cimenterie de Lafarge, dans le 15e arrondissement de Paris. Mais il est loin d'être le seul.
Lors d'une conférence de presse, Julien Bayou a qualifié ce projet situé à deux pas du parc André Citroën «d'aberration sur le plan écologique». Cette mobilisation fait suite à un nouvel épisode technique. Le tribunal administratif devait en effet se prononcer jeudi 3 décembre dernier sur la demande des riverains pour annuler l'arrêté préfectoral autorisant le chantier d'agrandissement de son usine.
Mais le cimentier a opté pour une réduction de l'ampleur de ce projet décrié, évitant ainsi «de perdre en demandant l'annulation de cet arrêté», selon Julien Bayou, qui s'est réjoui d'une «victoire». Pour autant, «cette annulation permettra à la société Lafarge de déposer un autre projet d'exploitation moins contraignant, en dessous des seuils règlementaires et législatifs imposant une consultation de la population», a prévenu le leader des verts.
«La concertation est un dialogue de sourds»
La mairie avait haussé le ton début septembre, avant que les élus parisiens votent, en octobre, la suspension des travaux, jusqu'à ce que la concertation avec les riverains aboutisse. Mais «pour l'instant, la concertation est un dialogue de sourds», a regretté Maryse Fourcade, de l'Association des riverains du port de Javel, qui a porté le recours contre Lafarge. «La pollution des cimentiers est récurrente» et à Paris, «on n'arrive pas à obtenir une diminution de la bétonisation», a argumenté Christine Nedelec, présidente de France Environnement Paris.
Pour maintenir la pression, les associations et les écologistes «demandent la reprise de la consultation de la population», et porteront le sujet lors du prochain Conseil de Paris, qui commencera mardi 15 décembre. Les élus LR, eux, vont demander le déplacement de cette centrale à bétons «dans un lieu à l'écart de toute habitation», et le conditionnement d'une nouvelle demande de permis de construire à la fin de la concertation avec les riverains, de la Mission d'information (MIE) du conseil de Paris et de l'enquête en cours.
De son côté, le groupe LREM va plaider pour un moratoire sur l'extension des cimenteries à Paris «le temps que les conclusions de la MIE soient rendues», etde classer «zone protégée non constructible ce corridor écologique» qu'est la Seine. Pour rappel, les quais du fleuve ne dépendent pas de la mairie de Paris. C'est l'établissement public Haropa-Ports de Paris, rattaché à l'Etat, qui en a la gestion, ainsi que les préfectures de région et de police.
Ces derniers mois, plusieurs vidéos ont révélé des pollutions provenant d'usines de Lafarge, en particulier de celle située dans le quartier de Bercy. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour «suspicion de pollution de la Seine par une entreprise de travaux publics». L'entreprise s'était défendue en évoquant «un accident exceptionnel provoqué par un acte malveillant».