Après avoir remodelé son équipe de secrétaires nationaux, et tout juste nommé une équipe rajeunie de délégués, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, inaugure, ce vendredi 4 décembre au soir, un premier «live des idées». But de cet événement 100 % numérique : présenter «des contre-propositions pour lutter contre les séparatismes».
Originellement prévu le 3 décembre, l'événement a été repoussé en raison de l'annonce de la mort de Valéry Giscard d'Estaing. Diffusé à partir de 18h30 sur les différents réseaux sociaux du PS, il sera entièrement dématérialisé - crise du coronavirus oblige - et vient marquer une étape supplémentaire dans la stratégie de refondation du parti historique de la gauche, lui qui a souvent été taxé par ses opposants de ne pas vouloir voir les dérives et les atteintes faites à la laïcité.
Organisé autour de tables rondes virtuelles, au cours desquelles seront abordées, notamment, la volonté de faire réaffirmer «la gauche jusqu'au bout» de Jaurès ou «les conditions» à même de pouvoir «rebattre le projet républicain au coeur de tous les territoires», l'événement s'inscrit de plus dans un contexte particulier.
Nous vous invitons à venir assister au premier #Livedesidées sur le thème « La République face aux séparatismes » en direct sur notre page Facebook, sur notre chaîne Youtube, sur notre compte Twitter et sur notre site internet.
Jeudi 3 décembre à 18h30 pic.twitter.com/apurr3MWIi— Parti socialiste (@partisocialiste) December 1, 2020
Ces dernières semaines, la France a en effet été endeuillée par une série d'attentats islamistes. De son côté, le gouvernement cherche toujours à mener à bien sa loi séparatisme dont le texte doit être présenté mercredi prochain en conseil des ministres. Désormais appelé «projet de loi confortant les principes républicains», une copie de l'avant-projet, visant à renforcer, entre autres, le contrôle des associations, des cultes et des établissements scolaires avait été transmise le mois dernier au Conseil d'Etat.
L'institution publique, dont les deux missions principales consistent à conseiller le gouvernement pour la préparation des projets de loi et à exercer en tant que plus haute juridiction administrative du pays, avait par ailleurs confirmé la dissolution de l’association BarakaCity, ainsi que la fermeture de la mosquée de Pantin.
Avec son «live des idées», le Parti socialiste s'insère donc dans une séquence, certes d'actualité, mais chargée et ambitionne de devenir enfin audible sur ces sujets de séparatismes et de laïcité. Mais si Olivier Faure s'est attelé, depuis plus d'un an déjà, à préparer le terrain en auditionnant, avec sa direction, des philosophes, des historiens des spécialistes des religions et de l'immigration, dans le but de faire adopter une conception commune de ces thèmes et apaiser le parti, des déclarations de certains ténors semblent montrer que la tâche pourrait être plus compliquée.
La présence d'Anne Hidalgo «n'est pas prévue»
Comme un avertissement, l'ancien Premier ministre et ex-maire PS d'Evry Manuel Valls, qui a longtemps porté seul les thèmes de la laïcité, de la République et de la sécurité dans son camp alors qu'ils sont désormais au coeur de l'actualité, a notamment déploré, le 26 novembre dernier dans Le Point, de n'avoir pas été là-dessus davantage «écouté».
Et bien que plus encarté au PS depuis 2017, et officiellement retiré de la vie politique depuis 2018 après son aventure malheureuse aux municipales à Barcelone, force est de constater que ses paroles, alors que son parti d'origine a longtemps pris le soin d'éluder ces questions pour éviter les déchirements en son sein, prennent aujourd'hui une dimension singulière.
Sur la laïcité, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a elle aussi tenu récemment des propos remarqués en sommant ses alliés écologistes de clarifier «leur rapport à la République». Un nouvel accrochage né après que certains élus EELV, ont, lors d'un voeu en conseil de Paris pour renommer un lieu de la capitale du nom de Samuel Paty, pointé une entorse à une règle obligeant à respecter un délai de cinq ans après la mort d'une personne pour qu'un lieu lui rende hommage.
En attaquant les écologistes sur la laïcité, Anne Hidalgo, qui ne fait quasiment plus mystère d’être candidate à la prochaine présidentielle en allant même jusqu'à esquisser les contours d'un projet, a ainsi envoyé un signal politique fort au niveau national, démontrant son attachement à la République laïque.
Contacté par CNEWS, l'entourage d'Olivier Faure indique toutefois que la présence de la maire de Paris au «live des idées» «n'est pas prévue», sans fournir davantage de détails. Que ce soit le traditionnel allié vert, le Parti socialiste lui-même ou Anne Hidalgo, est-ce à dire qu'en matière de laïcité chacun reste dans son couloir pour préparer 2022 ? Trop tôt pour y voir clair.
Reste que le «live des idées» pourra néanmoins compter sur la participation de Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, sur celle de la sénatrice Hélène Conway-Mouret, de François Lamy, ex-ministre délégué à la ville, ou encore de Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis. La présence de Jérôme Guedj, le nouveau Monsieur Laïcité du PS, ou du «baron noir» Julien Dray, qui veut croire en union de la gauche, est également évoquée.
A ce stade, leur tâche devrait surtout consister à retracer la ligne du parti «autour de trois piliers : affirmation de la laïcité, lutte contre les inégalités, lutte contre les discriminations», avance encore à CNEWS l'entourage d'Olivier Faure.
A voir donc comment traduire ces idées, encore très abstraites, en réalité concrètes et à l'épreuve des faits.