Valéry Giscard d'Estaing n'est plus. L'ancien président de la République (1974-1981) s'est éteint, a-t-on appris ce mercredi 2 décembre à Paris, à l'âge de 94 ans «des suites du Covid», a précisé sa famille. Fin politicien et amoureux des langues, il restera comme celui qui est parvenu à moderniser la politique française.
L'ancien président Valéry Giscard d'Estaing est décédé mercredi soir «des suites du Covid» et ses obsèques se dérouleront «dans la plus stricte intimité», a précisé sa famille dans un communiqué. «Valéry Giscard d’Estaing s’est éteint mercredi 2 décembre dans sa maison familiale du Loir-et-Cher. Son état de santé s’était dégradé et il est décédé des suites du Covid 19», a écrit sa famille dans un communiqué transmis à l'AFP. «Conformément à sa volonté, ses obsèques se dérouleront dans la plus stricte intimité familiale».
Plus jeune président de la Vème République lorsqu'il est élu en 1974, Valéry Giscard d'Estaing avait fait l'une de ses dernières apparitions publiques le 30 septembre 2019 lors des obsèques à Paris d'un autre président de la République, Jacques Chirac, qui fut son Premier ministre.
Valéry Giscard d'Estaing voulait regarder la France au fond des yeux. Et c’est un pays tout entier qui, à partir d'aujourd’hui, va lui rendre hommage.
Les Français garderont de lui l’image d’un homme droit, souvent qualifié «d’aristocrate», mais aussi celle d’un habile politicien.
Car s’il n’a exercé la fonction présidentielle que pendant sept ans, VGE était resté très impliqué dans la vie politique française.
Un homme de chiffres et de dossiers
Né le 2 février 1926 à Coblence (Allemagne), il avait été élevé dans une famille lettrée. Après des études brillantes, - Ecole Polytechnique, ENA - Valéry Giscard d’Estaing s’était lancé dans les années 1950 dans la politique, qu’il n'avait plus quittée.
VGE a longtemps gardé l’image d’un homme de chiffres et de dossiers. Après avoir rejoint l’Inspection Générale des Finances, il avait été élu, en 1956,député du Puy-de-Dôme.
Quatre ans plus tard, alors âgé de 32 ans, il avait été promu secrétaire d’Etat aux Finances, avant de prendre la tête du ministère de l’Economie sous la présidence de Georges Pompidou, qui voyait déjà en lui «une vocation nationale».
Lorsque ce dernier est décédé avant la fin de son mandat, en avril 1974, Valéry Giscard d’Estaing s’était positionné pour lui succéder. En un mois de campagne seulement, et alors qu’il était à la traîne dans les sondages, il était parvenu à prendre l’ascendant sur ses rivaux en présentant l’image d’un politicien jeune et dynamique, sous le slogan «Giscard à la barre».
Avant Macron, le plus jeune président français
A l’entre-deux-tours, sa réplique «Vous n’avez pas le monopole du cœur», qu’il avait assené à Mitterrand, l’avait même fait entrer dans l’Histoire. VGE était devenu alors, à 48 ans, le plus jeune président de la République.
Un mandat marqué par d’importantes réformes sociétales, parmi lesquelles l’avènement du divorce par consentement mutuel, la loi dépénalisant l’avortement ou encore l’abaissement de la majorité civile de 21 à 18 ans.
Il avait également longtemps cherché à casser son image de technocrate, en cherchant à se rapprocher des Français. Durant son septennat, il s’était ainsi, à de nombreuses reprises, invité dans des dîners de famille. Une curiosité à l'époque.
Après sa défaite face à François Mitterrand en 1981, VGE n’avait pas abandonné la vie politique. Il avait été à l’origine, en 2000, de la loi ramenant la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans.
Brillant linguiste - il parlait couramment l’anglais et l’allemand -, Valéry Giscard d’Estaing avait fait de l’Europe son sujet de prédilection, faisant campagne pour le «oui» au référendum sur le traité constitutionnel de 2005.