Troisième président de la Ve République, Valéry Giscard d'Estaing est arrivé à l'Elysée il y a 40 ans exactement.
Pendant sept ans, il s'est appliqué à moderniser la vie politique française. Le jour même de son investiture, il remonte les Champs-Elysées à pied. Première entorse au protocole avant de nombreuses autres.
Valéry Giscard d’Estaing, issu des Républicains indépendants et élu président de la Ve République il y a quarante ans jour pour jour, le 19 mai 1974, avait fait de ces gestes symboliques une véritable marque de fabrique.
Préférant le costume à la jaquette, conduisant lui-même sa voiture, celui qui trouve la vie politique française de l’époque trop «guindée» s’appliquera, tout au long de son septennat, à la dépoussiérer.
Le jeune Président (il n’a alors que 48 ans) joue de l’accordéon à la télévision et pose en maillot de bain ou en combinaison de ski pendant ses vacances. Il faut dire que Giscard d’Estaing n’en est pas à son coup d’essai quand il s’agit de révolutionner ainsi la communication politique.
Ministre des Finances de Georges Pompidou, déjà, il disputait des matchs de football devant les caméras et se laissait interviewer torse nu dans les vestiaires.
Une modernisation de la société Lui qui disait, pendant sa campagne éclair, vouloir «regarder la France au fond des yeux», tente également de s’en rapprocher.
Col roulé en conférence de presse et dîner chez Monsieur et Madame Tout-le-monde, Giscard d’Estaing est partisan de la présidence normale avant l’heure. Ce vent de modernité souffle jusque sur ses réformes.
Dès son arrivée à l’Elysée, il abaisse la majorité civile à 18 ans, instaure le divorce par consentement mutuel et assouplit la mainmise de l’Etat sur l’audiovisuel en éclatant l’ORTF.
Contre sa propre majorité, il fait voter la dépénalisation de l’avortement, portée par sa ministre de la Santé, Simone Veil. Et mise sur le dialogue avec l’opposition, invitant chefs de partis et syndicalistes à l’Elysée.
Crise à droite
Son mandat sera marqué par les divisions de la droite, palpables jusqu’au sein du couple exécutif que Giscard d’Estaing forme avec son Premier ministre Jacques Chirac.
En 1976, celui-ci démissionne avec fracas, se plaignant de «ne pas avoir les moyens nécessaires pour assumer efficacement (ses) fonctions». Il est remplacé par Raymond Barre et une politique de rigueur.
Car si Giscard d’Estaing réussit à réformer le pays au niveau sociétal, il se heurte à des difficultés économiques et une forte poussée du chômage lorsque se font sentir les conséquences du premier choc pétrolier de 1973.
La fin des Trente Glorieuses signe aussi celle de la popularité du Président et de sa majorité, qui perd les cantonales de 1976, puis les municipales l’année suivante.
Celui qui, en 1974, avait porté un coup fatal à François Mitterrand en lâchant le fameux «vous n’avez pas le monopole du coeur» lors du débat télévisé de l’entre-deux tours, s’incline sept ans plus tard face au candidat socialiste.
Et fait des adieux qui marqueront les esprits plus durablement encore que son arrivée si peu protocolaire.