Alors que la 36e campagne hivernale des Restos du Cœur commencera officiellement demain mardi 24 novembre, toutes les associations caritatives témoignent d’un envol de la pauvreté dans les Alpes-Maritimes.
Les bénévoles des Restos du Cœur le savent, cette 36e campagne hivernale ne ressemblera à aucune autre. La faute à la pandémie de Covid-19 et aux difficultés économiques majeures qu’elle a engendrées, entre faillites, destructions d’emplois et précarité. Durant le premier confinement, l’association fondée par Coluche en 1985 a enregistré une augmentation de 40% des distributions alimentaires dans la rue.
Un phénomène que d’autres structures caritatives, comme la Banque Alimentaire ont également constaté. Celle-ci note en effet une progression de 25% des demandes d’aide dans les Alpes-Maritimes depuis le début de la crise sanitaire. Au Secours Populaire, le nombre de bénéficiaires a également bondi de 40%. En tout, l’association fournit désormais une aide à 10.000 personnes dans le département, contre 5.000 avant l’apparition de la pandémie de coronavirus.
Depuis mars, les indépendants, commerçants et intermittents n’ont plus les moyens de se nourrir convenablement
Si la situation se dégrade autant sur la Côte d’Azur, c’est que l’économie locale repose sur le tourisme, via l’événementiel, l’hôtellerie et la restauration. Autant de secteurs à l’arrêt depuis le confinement du printemps dernier. «Il y a des tensions sur nos stocks de nourriture, explique Jean Stellittano, de la Fédération du Secours Populaire dans les Alpes-Maritimes. Nous dépensons 50.000 euros par mois en denrées et nos finances ne nous permettront pas de tenir longtemps à ce rythme surtout si d’autres entreprises venaient à mettre la clé sous la porte».
Depuis mars, les indépendants, commerçants et autres intermittents sont de plus en plus nombreux à basculer dans la précarité. Tous n’ont plus les moyens de se nourrir convenablement, selon l’association qui compte 2.400 bénévoles dans le département.
71.000 Niçois (soit 20% de la population) vit sous le seuil de pauvreté
Contrairement à ce que l’image de carte postale de la Côte d’Azur pourrait laisser croire, la misère y est plus importante qu’ailleurs en France. Selon le Secours Catholique, 71% des bénéficiaires azuréens de l’association ont besoin d’une aide alimentaire contre 50% au niveau national.
La dernière étude de l’institut Compas souligne par exemple que 71.000 Niçois (soit 20% de la population) vit sous le seuil de pauvreté, c’est à dire avec moins de 1.000 euros de revenus mensuels. Un phénomène qui touche particulièrement les personnes vivant seules ou isolées et les plus âgées.
Enfin, les Alpes-Maritimes rencontrent des problématiques liées à sa position frontalière, avec la présence de nombreux étrangers en provenance d’Afrique ou d’Europe de l’Est. Des populations que l’on retrouve souvent dans les locaux des associations caritatives.