Des enfants à protéger. Ce jeudi 19 novembre a lieu la Journée mondiale pour la prévention des abus envers les enfants. Cet événement, qui intervient à la veille de la Journée Internationale des droits de l'enfant, a notamment pour but de sensibiliser l'opinion publique quant à la maltraitance infantile.
En France, comme partout ailleurs dans le monde, le phénomène est connu depuis la nuit des temps. Et s'il est longtemps resté tabou, les lignes commencent quelque peu à bouger avec la parole des victimes qui est davantage considérée.
La «loi du silence» entourant ce difficile sujet persiste encore pourtant beaucoup, y compris dans l'Hexagone. Les chiffres disponibles illustrent ainsi un phénomène systémique et largement répandu.
Un enfant tué tous les cinq jours en France
En 2018, en France, selon les dernières données disponibles, 80 enfants sont décédés des suites de violences familiales. Un chiffre relativement proche de la moyenne (72) qui a été établie ces dernières années.
Ce faisant, c'est un enfant qui, tous les cinq jours en moyenne, meurt tué par sa propre famille.
Pour enrayer le phénomène et mieux lutter contre les meurtres d'enfants par leurs parents ou leur proche famille, un rapport avait été remis au gouvernement en avril 2019.
Le document formulait plusieurs recommandations telles que mieux repérer les signaux d'alerte, renforcer la formation des professionnels ou encore éviter la déperdition des informations.
Malheureusement, le contexte de la pandémie a largement revu les ambitions en la matière à la baisse et si le gouvernement se dit mobilisé sur la question, force est de constater que le nombre d'appels passés au 119, le numéro de l'enfance en danger, a explosé durant le confinement du printemps.
Dans une interview accordée à CNEWS, Adrien Taquet, secrétaire d'Etat chargé de l'Enfance et des Familles, faisait d'ailleurs état d'une hausse de 50 % des appels uniquement sur la première semaine d'avril.
355.000 mesures d'aide sociale à l'enfance
Toujours en 2018, selon les données de l'ONPE, l'Office national de la protection de l'Enfance, 355.000 mesures d’aide sociale à l’enfance étaient en cours dans l'Hexagone.
L'Aide sociale à l'enfance (ASE), un service géré par chaque département, a notamment pour mission d'apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique aux mineurs, à leur famille, aux mineurs émancipés et aux majeurs âgés de moins de 21 ans confrontés à des difficultés sociales susceptibles de compromettre gravement leur équilibre.
Le chiffre de 355.000 évoqué plus haut ne correspond pas exactement aux bénéficiaires, mais plutôt aux différentes prestations d'aide qui ont été mises en place sur l'ensemble de l'année.
Là encore, contexte pandémique et crise sociale obligent, une hausse des recours à l'ASE n'est à l'avenir pas à exclure.
8 milliards pour protéger les petits
En 2018, les dépenses brutes des départements pour l’aide sociale à l’enfance se sont élevées à 8,28 milliards d’euros pour la France métropolitaine et les départements et régions d’outre-mer, hors Mayotte.
Des dépenses en augmentation de 4,4 % par rapport à 2017, selon l'ONPE.
En octobre 2019, lors de la présentation de sa stratégie de prévention et de protection de l'enfance, Adrien Taquet avait indiqué que serait mis en place un plan spécifique, dès janvier 2020, avec un budget d'Etat de 80 millions d'euros, destiné à réformer l'aide sociale à l'enfance.
85 millions d'enfants exposés aux violences à cause du Covid-19
Plus globalement dans le monde, la pandémie a exacerbé la vulnérabilité des enfants et mis en péril le respect de leurs droits.
Le coronavirus intensifie les risques de malnutrition, de violences et de décrochages scolaires en raison de la fermeture temporaire des écoles dans de nombreux pays, et risque de remettre en cause la survie et le développement de l’enfant, alerte à ce sujet l'ONG Vision du Monde.
Alors que plus de 71 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté en 2020, cette organisation qui vient en aide aux enfants les plus vulnérables partout dans le monde évalue à 85 millions le nombre d'enfants supplémentaires qui risquent d'être exposés aux violences physiques et psychologiques à cause du Covid-19.
1 enfant sur 6 vit en situation d'extrême pauvreté dans le monde
La pauvreté et l'extrême pauvreté ne sont pas à proprement parlé des facteurs conduisant systématiquement à des situations de maltraitance infantile.
En revanche, l'absence de perspectives que cet état de dénuement produit induit immanquablement un stress qui nuit à l'épanouissement de l'enfant.
De même, la pauvreté met les enfants en situation de danger, au sens où ils constituent davantage des proies de choix à la merci de prédateurs.
Aujourd'hui dans le monde, un enfant sur six vit en situation d'extrême pauvreté.
Et, en France, c'est un enfant sur cinq qui vit sous le seuil de pauvreté (1.063 euros par mois), soit près de 3 millions d'enfants et adolescents au total.
Des chiffres qui, là encore, pourraient bondir du fait de la pandémie.