Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron ce mercredi 11 novembre, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, exhorte le président de la République à revoir la stratégie vaccinale de la France, après les récentes annonces sur la découverte d'un sérum potentiellement efficace contre le Covid-19.
A la veille d'une prise de parole très attendue du Premier ministre Jean Castex dans une France toujours confinée, et après la parenthèse des commémorations du 102e anniversaire de l'Armistice de 1918, Olivier Faure veut donc à nouveau faire entendre sa voix et celle de son parti sur le plus gros sujet du moment.
Après l’annonce par les laboratoires pharmaceutiques Pfizer et BioNTech d’un vaccin «fiable à 90 %» contre le coronavirus Sars-CoV-2, découverte que le patron des socialistes qualifie de «potentiellement majeure», Olivier Faure dit espérer que la France puisse être prête le moment venu, ce dont il doute pourtant à l'appui des éléments et arguments développés dans sa missive.
«Opacité» et «improvisation»
Pour faire part de son scepticisme quant à la capacité du gouvernement à bien préparer l'arrivée du vaccin, Olivier Faure compare ainsi tout d'abord la situation de la France à celle de ses voisins.
«Dès le lendemain de l’annonce, nous apprenions que l’Allemagne avait déjà travaillé au processus d’acheminement et de conservation des futurs vaccins [...]. Le ministre de la Santé espagnol annonçait dans le même temps que son pays serait bénéficiaire de 20 millions des 300 millions de doses commandées par l’Union européenne, que les groupes vulnérables, donc prioritaires, étaient déjà identifiés et les lieux de distribution hors des hôpitaux déjà envisagés. Qu’en est-il chez nous ?», s'interroge-t-il.
J'interpelle ce soir le Président de la République sur les modalités prévues par le gouvernement pour la vaccination #Covid. Combien de doses ? Pour qui ? Comment ? Des voisins européens semblent prêts et sont transparents. Nous devons nous contenter du silence du gouvernement. pic.twitter.com/LvQOwRRmIN
— Olivier Faure (@faureolivier) November 11, 2020
Pour Olivier Faure, l'absence d'annonces claires, que ce soit en termes de calendrier ou de populations prioritaires, ne semblent en fait tracer qu'un chemin tortueux «où le flou semble le seul horizon et l’opacité la règle».
L'urgence à définir un cadre clair est selon lui d'autant plus grande que, rappelle-t-il au chef de l'Etat, «nous connaissons les réticences de nombre de nos concitoyens face à la vaccination de manière générale, et pour ce vaccin développé rapidement en particulier».
Pour lever les craintes et les freins à une vaccination pleinement efficace, le socialiste plaide donc pour «une concertation étendue et une écoute des questionnements et inquiétudes divers», qu’ils soient, dit-il «justifiés ou non».
Cela pourrait, ajoute-t-il, passer par la mise en place d'un «comité de liaison citoyen», tel que recommandé par le conseil scientifique, couplée notamment à une consultation des dirigeants de partis politiques et des présidents de groupes parlementaires. Car «cette bataille-là doit être menée au plus près des réalités de terrain», insiste-t-il.
Une méthode «à changer»
«Le moment est venu de changer de méthode», résume Olivier Faure qui, pour finir sa lettre, rappelle au chef de l'Etat son engagement pris de garantir l’accès au vaccin à tous les peuples du monde, alors que s'ouvre ce jeudi, à Paris, le sommet de Paris sur la paix.
Touchant à la gouvernance mondiale et au multilatéralisme, ce sommet, le troisième du genre depuis sa première édition en 2018, est précisément consacré, entre autres sujets, cette fois aux questions de santé et à l'environnement.
Outre le président français, doivent y participer des dirigeants européens de premier plan, comme la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, mais aussi plusieurs chefs d'Etat africains, comme le Sénégalais Macky Sall.
Reste que dans la foulée de sa publication, les questions soulevées par Olivier Faure ne semblaient rencontrer, du côté de la majorité aucune réponse officielle.
A voir si des éléments seront donc communiqués en ce sens par le Premier ministre Castex ce jeudi soir, preuve, peut-être, que l'initiative soit parvenue au sommet de l'Etat ou, du moins, jusqu'aux bonnes oreilles.