Accusé par un article – retiré depuis – du Financial Times de stigmatiser les musulmans à des fins électorales, Emmanuel Macron a publié une lettre en réponse, où il réaffirme sa volonté de lutter contre l’islamisme, mais pas l’islam.
S’adressant directement à la rédaction du quotidien britannique, il dénonce d’abord la déformation de ses propos («séparatisme islamiste» notamment transformé en «séparatisme islamique»), avant de rappeler le contexte français face au terrorisme : «Depuis plus de cinq ans et les attentats de Charlie Hebdo, la France fait face à une vague d’attentats perpétrés, au nom d’un Islam qu’ils dévoient, par des terroristes. Plus de 300 femmes et hommes, des policiers, des militaires, des enseignants, des journalistes, des dessinateurs, des Juifs, un prêtre, des jeunes assistant à un concert ou prenant un verre en terrasse, des enfants devant une école, de simples citoyens, ont été lâchement assassinés sur notre sol».
Emmanuel Macron aborde ensuite les faits plus récents, avec l’attaque devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, la décapitation de Samuel Paty et les trois morts dans une église à Nice.
«Relisez les échanges, les appels à la haine diffusés au nom d’un Islam dévoyé»
«Si la France est attaquée prioritairement par les terroristes islamistes, c’est parce qu’elle incarne la liberté d’expression, le droit de croire ou de ne pas croire, un certain art de vivre aussi», explique le chef d’Etat. Saluant le rôle et le sacrifice des forces de l’ordre et de l’armée dans la lutte contre les terroristes, il avance ensuite que «dès que 2015 est apparue, et je l’ai dit avant même de devenir Président de la République, les vocations terroristes prospéraient sur un terreau. Dans certains quartiers autant que sur Internet, des groupes liés à l’Islam radical enseignent aux enfants de France la haine de la République, appellent à ne pas respecter les lois. C’est cela que j’ai appelé dans un discours le «séparatisme». Vous ne me croyez pas ? Relisez les échanges, les appels à la haine diffusés au nom d’un Islam dévoyé, sur les réseaux sociaux qui ont finalement abouti à la mort du professeur Samuel PATY il y a quelques jours».
«Allez visiter les quartiers où des petites filles de trois ou quatre ans portent le voile intégral»
«Allez visiter les quartiers où des petites filles de trois ou quatre ans portent le voile intégral, sont séparées des garçons et, dès le plus jeune âge, sont mises à part du reste de la société, élevées dans un projet de haine des valeurs de la France», poursuit le président. «Dialoguez avec nos préfets qui sont confrontés sur le terrain à des centaines d’individus radicalisés dont on craint, à tout moment, qu’ils prennent un couteau et aillent tuer des Français. C’est contre cela que la France entend aujourd’hui lutter. Contre des projets de haine et de mort qui menacent ses enfants. Jamais contre l’Islam. Contre l’obscurantisme, le fanatisme, l’extrémisme violent. Jamais contre une religion».
Emmanuel Macron termine sa lettre en indiquant que la France est attaquée par sa «laïcité». «C’est-à-dire, pour les musulmans comme pour les chrétiens, les juifs, les bouddhistes, tous, la neutralité de l’Etat – qui jamais n’intervient dans les affaires religieuses, et la garantie d’exercer son culte. Et nos forces de l’ordre protègent les mosquées comme elles protègent les églises ou les synagogues (…). La France est un pays où les responsables musulmans, prennent la parole à l’unisson lorsque le pire survient, pour appeler à lutter contre l’islamisme radical et défendre la liberté d’expression».
L’intégralité de la lettre est disponible sur le site de l’Elysée.