Alors que l'épidémie prend une ampleur inquiétante en France, les médecins tirant la sonnette d'alarme sur le nombre alarmant de contaminations et de cas en réanimation, le mot «reconfinement» s’invite de plus en plus dans les discours des scientifiques et du gouvernement. Face à cette situation d'urgence, Emmanuel Macron a annulé un déplacement et convoqué deux Conseils de défense - le premier ce mardi, le second ce mercredi - qui déboucheront sur de nouvelles restrictions annoncées mercredi à 20h par le président. Quelles mesures plus strictes pourraient être mises en place ?
Couvre-feu à 19h
La demande provient des médecins de la région Auvergne-Rhône-Alpes, devenue celle où la situation à l’hôpital est la plus critique (près de 70% des lits de réanimation occupés). Pour eux, le couvre-feu de 21h à 6h n’est qu’une «demi-mesure». Ils souhaitent qu’il démarre à 19h, de façon à obliger les gens à rentrer chez eux une fois la journée de travail terminée.
De la sorte, les regroupements dans les bars deviendront impossibles pour une très grande majorité de la population. Cela condamnerait par la même occasion l’activité de la restauration et ferait basculer les Français, encore plus qu’à l’heure actuelle, en mode «métro, boulot, dodo».
Confinement le week-end
Le besoin d’élargir le couvre-feu s’accompagne en plus d’un confinement total le week-end, pour ces médecins. Toujours dans le but de limiter les contacts et la propagation du virus, la population devra rester enfermée le samedi et le dimanche. Ceux qui profitaient de ces deux journées pour se retrouver entre amis pour boire un verre au bar ou manger au restaurant ne le pourront donc plus.
Cette solution porterait un coup dur aux commerces, à deux mois de Noël.
Confinement local
L’idée d’un confinement local a pris de l’ampleur depuis la fin de semaine, lorsque le professeur Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique, a indiqué qu’il faisait partie des options.
D’autant plus que depuis la rentrée, la stratégie sanitaire du gouvernement se base entièrement sur un ancrage local des mesures, en fonction des signaux de l’épidémie dans les zones géographiques.
Il n’est donc pas impossible de voire des villes, des agglomérations, voir des départements se reconfiner totalement. Certains parlent même d’une mesure qui pourrait s’appliquer à une échelle très réduite, comme un quartier.
Confinement ciblé
Etant donné que «90% des personnes qui sont mortes du coronavirus avaient plus de 65 ans», selon l’épidémiologiste de santé publique France Martin Blachier, une autre solution possible serait d’appliquer un confinement à cette tranche de la population, estiment des médecins.
Elle pourrait même être élargie à l’ensemble de la population à risque (plus de 65 ans, personnes souffrant de problèmes cardiovasculaires ou respiratoires, d’obésité, etc., ou femmes à la grossesse avancée) ce qui permettrait de limiter les décès, mais aussi les hospitalisations, particulièrement dans les services de réanimation.
Cette solution aurait aussi l’avantage de ne pas mettre à l’arrêt l’ensemble de la population ou toute une zone géographique.
Confinement écocompatible
Deux «experts» en santé publique ont appelé ce dimanche à un «confinement écocompatible», qui aurait l’avantage de satisfaire aux besoins sanitaires, sans avoir un impact désastreux sur l’économie du pays.
En d’autres termes, il s’agirait d’interdire les réunions publiques et privées, d’étendre le télétravail, de fermer les commerces non essentiels et de nécessiter une attestation pour sortir, mais en maintenant ouvert tous les établissements scolaires et en continuant à faire fonctionner les transports.
Le but est évidemment de permettre aux travailleurs de poursuivre leur activité et aux parents de continuer à exercer sans avoir à s’occuper de leurs enfants en journée.
Télétravail obligatoire
Une autre piste pour maintenir l’activité économique du pays tout en répondant à des règles sanitaires plus strictes serait de rendre le télétravail obligatoire. Chez eux, les salariés ne prendraient ainsi plus le risque de se faire contaminer dans les transports, dans l’entreprise ou à midi lors du repas, tout en continuant à travailler.
Cette idée – difficile, voire impossible à mettre en place dans certaines structures – n’a cependant pas les faveurs du gouvernement. Il se contente en effet seulement d’inciter les entreprises à l’étendre au maximum, sans rien obliger, au contraire des autres mesures mises en place.