Pour enrayer la seconde vague du coronavirus tout en préservant l'économie française, deux experts en santé publique appellent à instaurer un «confinement écocompatible» dès lundi.
Dans une tribune publiée par Le Journal du dimanche, Philippe Amouyel, professeur en santé publique au CHU de Lille et directeur général de la Fondation Alzheimer, et Luc Dauchet, maître de conférence en santé publique au CHU de Lille, affirment qu'à six semaines des vacances de Noël, la France ne peut se permettre de «prendre le risque d'un échec ou d'un effet insuffisant» du couvre-feu, désormais imposé dans 54 départements ainsi que la Polynésie.
Ainsi, ils appellent à réitérer la mesure dont nous connaissons déjà les effets bénéfiques sur l'épidémie : le confinement. Les deux spécialistes rappellent que «le nombre de cas a été divisé presque de moitié chaque semaine dès la troisième semaine de son installation». «Mais son impact sur l'économie a été majeur», soulignent-ils. Ils réclament donc la mise en place dès lundi d'«un nouveau type de confinement écocompatible ciblé selon les régions».
Comme lors du confinement du printemps dernier, seuls les commerces essentiels resteraient ouverts, une attestation de sortie du domicile deviendrait obligatoire, les réunions publiques et privées seraient interdites et le télétravail serait étendu. Mais les deux experts appellent cette fois-ci à maintenir les écoles, collèges et lycées ouverts ainsi que la circulation des transports en commun, «avec horaires de travail étalés et rames supplémentaires».
La piste du reconfinement plus que jamais d'actualité
Ils souhaitent également «des campagnes répétées de dépistages systématiques avec des tests rapides en population générale pour tous les Français de plus de 18 ans», de façon à identifier les cas asymptomatiques. Selon eux, toutes ces mesures permettraient de ralentir la progression du virus «en trois à quatre semaines» et d'espérer pouvoir rouvrir à Noël les bars, les restaurants, les salles de sport et de spectacle.
Malgré l'instauration récente d'un couvre-feu dans une grande partie de la France, qui concerne aujourd'hui 46 millions de personnes, le reconfinement semble plus que jamais sur la table. Membre du conseil scientifique conseillant le gouvernement, l'épidémiologiste à l'Institut Pasteur Arnaud Fontanet a affirmé vendredi qu'un reconfinement local faisait «partie des options». Martin Blachier, médecin en santé publique et épidémiologiste, prône lui un reconfinement des populations à risque, c'est-à-dire des plus de 65 ans et des personnes souffrant de certaines pathologies.