Laurent Nuñez, ancien n°2 du ministère de l'Intérieur et actuel coordinateur de l'antiterrorisme, estime qu'un «palier a été franchi», à travers le meurtre par décapitation du professeur d'histoire Samuel Paty.
Interrogé sur Franceinfo, l'expert du renseignement évoque trois raisons, qui marquent un tournant dans l'attaque survenue à proximité du proximité du collège du Bois-d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, ce vendredi 16 octobre.
LE MONDE EDUCATIF FRAPPE EN PLEIN COEUR
En premier lieu, Laurent Nuñez évoque le choix de frapper délibérement un enseignant «manifestement (...) parce qu'il a exercé le droit absolu d'une liberté d'enseigner, d'une liberté d'expression».
Il évoque ensuite le caractère «barbare» de l'attaque, au cours de laquelle l'assaillant de 18 ans a blessé puis décapité le professeur de 46 ans. Le procédé sanguinaire utilisé, via la décapitation, la «mise en scène» et la diffusion de la vidéo, correspond à l'«essence du terrorisme», qui vise à semer la peur parmi les populations.
Laurent Nuñez s'inquiète que l'attentat ait pu trouver naissance dans «une polémique politique (...) qui visait à ce qu'était l'enseignement dans les écoles publiques françaises».
Le 5 octobre dernier, une polémique a été déclenchée par un parent d'élève après un cours d'enseignement moral et civique (EMC) dédié à la liberté d'expression, au cours duquel Samuel Paty avait montré une caricature de Mahomet. L'affaire a été relayée sur les réseaux sociaux et serait parvenue jusqu'à l'agresseur qui est passé à l'acte.
Le monde enseignant a exprimé sa très forte émotion à la suite de cette attaque. Des rassemblements sont organisés partout en France ce dimanche 18 octobre. A Paris, une grande mobilisation se déroule en présence du Premier ministre Jean Castex, de la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse et de la maire de Paris Anne Hidalgo.