La campagne de vaccination 2020 contre la grippe saisonnière commence ce mardi 13 octobre pour s'achever le 31 janvier 2021. Mais, cette année, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, l'opération revêt un caractère tout particulier.
Entre la question de la production des vaccins, celle du profil des personnes qui doivent se faire vacciner, ou encore celle de savoir si le vaccin contre la grippe est vraiment efficace, les interrogations des Français sont multiples et il est parfois difficile d'y voir clair. CNEWS fait le point.
Est-ce qu'il y aura assez de vaccins cette année ?
Dans un contexte de reprise de l'épidémie de coronavirus, et pour tenter d'éviter de surcharger des hôpitaux qui risquent d'être mis à rude épreuve dans les semaines à venir du fait du Covid-19, l'Etat français a passé, à la mi-septembre, une commande de 30 % de doses supplémentaires de vaccins contre la grippe.
Cette année, en lieu et place des 11 millions de doses habituellement disponibles, ce sont 15 millions de vaccins qui devraient être accessibles. Mais quant à savoir si cette quantité sera suffisante, difficile de le dire.
Pour certains médecins ou politiques, il faudrait étendre la vaccination contre la grippe à l'ensemble de la population. Or, si les Français suivaient cette recommandation, la pénurie serait inévitable. C'est pourquoi, jusqu'à maintenant, la consigne consister à vacciner d'abord les personnes prioritaires, et ce, comme les années précédentes.
Qui sont les personnes prioritaires ?
Les personnes invitées à se faire vacciner en priorité contre la grippe sont toutes celles considérées comme vulnérables face au virus, c'est-à-dire celles qui, en cas de contamination, auraient le plus de mal à le combattre.
D'une façon générale, ce sont donc les personnes âgées de 65 ans et plus, les personnes souffrant de pathologies chroniques, les femmes enceintes, les personnes obèses, l'entourage des nourrissons de moins de 6 mois à risque et les personnes immunodéprimées, soit celles dont le système immunitaire est déjà affaibli.
Tout ce public est normalement déjà référencé auprès de la Sécurité sociale. Ce faisant, l'Assurance-Maladie leur a envoyé ou va leur envoyer des bons de prise en charge. Ces gens représentent, au total, quelque 15 millions de personnes environ.
Une fois le bon de prise en charge reçu à domicile, le malade peut retirer le vaccin directement chez le pharmacien sans consultation médicale, même s'il se fait vacciner pour la première fois. Le médecin traitant est de son côté bien sûr habilité à prescrire le vaccin, s'il l'estime nécessaire, qui sera à retirer ensuite chez le pharmacien.
Enfin, 310.000 professionnels de santé libéraux environ ont, eux aussi, été invités à se faire vacciner. L'Académie nationale de médecine souhaitait une vaccination obligatoire pour tout le personnel soignant, mais cette option n'a pas été envisagée par le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Où se faire vacciner ? Est-ce gratuit ?
La vaccination peut être pratiquée par tout professionnel de santé habilité à le faire. Ce peut être le médecin traitant, un médecin exerçant dans un centre de vaccination, un médecin du travail, une sage-femme (pour les femmes enceintes et l’entourage du nourrisson), un infirmier libéral, mais aussi le pharmacien.
La vaccination en pharmacie a en effet été généralisée l'année dernière, lors de la campagne, 2019-2020. C'est pourquoi, et comme évoqué plus haut, les personnes prioritaires peuvent retirer leur vaccin en pharmacie et s'y faire directement vacciner.
Les pharmaciens et les infirmiers ne peuvent en revanche pas vacciner les mineurs ou les personnes présentant des antécédents de réaction allergique à un vaccin antérieur. Seul un médecin peut, ici, faire le vaccin.
Le vaccin est pris en charge à 100 % par l'Assurance maladie pour les personnes à risque. Pour toutes les autres qui souhaiteraient se faire vacciner, il leur en coûtera environ 10 euros, dans la limite des stocks disponibles.
Le vaccin antigrippal est-il cette année efficace ?
Les médecins le répètent tous les ans : le vaccin antigrippal n'est jamais efficace à 100 %. La raison : les fabricants de vaccin commencent à travailler sur les sérums six mois à l'avance en fonction des souches disponibles à cet instant.
Résultat : On estime qu'en moyenne la vaccination permet d'éviter une grippe sur deux. De même, l'efficacité peut aussi varier d'une personne à l'autre.
Bon à savoir : dans l'hémisphère sud, où l'hiver est en train de se terminer, il y a eu très peu de cas de grippe, comparativement aux saisons précédentes. Mais cette donnée est à prendre avec la plus grande prudence car la généralisation des gestes barrières pourrait avoir grandement aidé. Raison de plus pour rappeler leur importance et ne pas baisser la garde.
Ce qui est certain en revanche c'est que le vaccin antigrippal protège dans tous les cas des formes graves de la maladie. Autrement dit, une personne vaccinée aura moins de risques de complications et d'hospitalisation si elle contracte le virus.
Pourquoi se faire vacciner contre la grippe peut-il aider à combattre le Covid-19 ?
Les médecins, et tout le personnel soignant d'une façon générale, ont l'habitude de la grippe. Ils connaissent cette maladie et savent la prendre en charge. Autrement dit, ce n'est pas un virus qu'ils craignent.
Ce qu'ils redoutent en revanche, c'est l'inévitable cohabitation entre l'épidémie de grippe qui, cette année, va croiser celle du Covid-19.
En se faisant vacciner contre la grippe, cela va donc permettre de soulager l'afflux des patients grippés et faire gagner du temps aux soignants dans le diagnostic des maladies qui présentent des symptômes très similaires.
Pour rappel, entre 8.000 et 14.000 personnes en moyenne meurent tous les ans de la grippe. Autant de décès qui, en théorie, auraient pu être évités grâce au vaccin.