Près d'une centaine de sans-abri – dont de nombreux consommateurs de crack – ont été délogés par la police d'un tunnel de la gare RER Rosa Parks à Paris ce jeudi 3 septembre, au matin. Le site était devenu depuis plusieurs mois un vrai repaire pour le trafic.
«Conformément à mes instructions, la préfecture de police de Paris a procédé ce matin [3 septembre, ndlr] à l'évacuation d'un campement illégal installé sous le tunnel de Rosa Parks, dans le 19e», a ainsi communiqué le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, assurant qu'il fallait ainsi «restaurer la tranquilité et la sécurité des riverains».
Au total, 86 personnes ont été évacuées, selon les chiffres de la préfecture de police de Paris. Les usagers de crack et de nombreux migrants ont défilé dans le calme vers la sortie du tunnel, a constaté sur place un journaliste de l'AFP, avant que ces derniers ne soient dispersés dans le quartier.
Conformément à mes instructions, la @prefpolice a procédé ce matin à l'évacuation d’un campement illégal installé sous le tunnel de Rosa Parks dans le 19e arrondissement de Paris.
Merci à nos forces de police mobilisées pour restaurer la tranquillité et la sécurité des riverains. https://t.co/W3775ZQODu— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) September 3, 2020
Une brèche dans le grillage
Cet été, une brèche dans le grillage de sécurité de ce tunnel de la gare RER de Rosa Parks avait permis aux premiers squatteurs de s'installer à l'abri des regards. Modeste au départ, ce campement a «pris de l'ampleur depuis juillet» et pouvait accueillir «jusqu'à une centaine de personnes», a expliqué la préfecture de police.
Là, ils avaient trouvé refuge sur des canapés abandonnés et divers abris de fortune, au milieu des détritus. Et ce sont justement ces déchets qui posaient problème, d'une part à la préfecture de police qui craignait un départ de feu, et d'autre part aux riverains, nombreux à demander à la mairie de Paris et plus particulièrement au maire du 19e, François Dagnaud, d'intervenir au plus vite.
Bonjour @Parisjecoute
Le fameux «tunnel de Rosa Parks».
1/ une intervention visant à expulser et refermer le tunnel est-elle vraiment prévue comme annoncé pour «avant la rentrée» par M. @FrancoisDagnaud ?
2/ pourquoi les services de la ville laissent traîner tous ces détritus? pic.twitter.com/Ntms3nAfPu— Rosa pleure (@jusdegoyave1) September 1, 2020
Aucune solution de relogement
Si quelques places d'hébergement étaient prévues – une trentaine environ selon la préfecture de police – il s'est avéré qu'aucun dispositif n'était prévu pour orienter les sans-abri. Ces derniers ont donc été dispersés dans le quartier, sans aucune solution de relogement.
Et le phénomène n'est pas nouveau puisque les nombreux consommateurs de crack – déjà évacués de la «Colline du crack» fin 2019 puis de la porte d'Aubervilliers – avaient dû trouver de nouveaux refuges pour fumer loin des regards.
A l'époque, un plan de lutte «anti-crack» avait été lancé par la mairie, l'Agence régionale de santé (ARS°, la préfecture de police et celle d'Ile-de-France, pour les accompagner, sur le plan sanitaire, social et psychologique. Près de 400 toxicomanes avaient alors pu être pris en charge.
Des effectifs policiers renforcés
«L’évacuation du tunnel SNCF de RosaParks, attendue pas les habitants, était urgente et nécessaire, [...] et doit s'accompagner d'une prise en charge adaptée des personnes, conformément au Plan Crack», a de son côté fait savoir Nicolas Nordmann, l'adjoint à la mairie de paris chargé de la prévention, de la sécurité et de la police municipale, qui craint des «reports».
Alors que l'opération prenait fin ce matin, la préfecture de police de Paris a tenu à rassurer sur ce point, assurant «maintenir son action de reconquête de l'espace public dans la durée» et «rester attentive aux effets de report dans d'autres secteurs». Les effectifs policiers devraient être renforcés dans le quartier pour empêcher toute réinstallation dans les prochains jours.