La double explosion attribuable au nitrate d'ammonium survenue mardi à Beyrouth (Liban) est venue raviver la mémoire d'autres catastrophes similaires arrivées au fil des âges sur la planète. Parmi ces histoires, celle du cargo Ocean-Liberty qui, lui aussi chargé de ce même corps chimique, explosa en rade de Brest (Bretagne), le 28 juillet 1947.
Ce jour-là, à la suite d'un incendie s'étant déclaré dans l'une de ses cales, le navire norvégien, transportant plus de 3.000 tonnes de nitrate d'ammonium destinées à la fabrication d'engrais, éclate dans une force phénoménale détruisant tout sur son passage.
Comme le précise une archive de l'INA, mise en ligne sur Twitter ce mercredi 5 août, la ville, qui venait à peine de panser les plaies de la guerre, comptabilisera 26 morts et plus d'une centaine de blessés graves.
AVANT BEYROUTH. La catastrophe qui frappe #Beyrouth évoque aussi le port de Brest, dévasté en 1947 par l'explosion d'un bateau chargé de nitrate d'ammonium, l'Ocean Liberty. La ville, qui pansait les plaies de la guerre, comptabilisera 26 morts et une centaine de blessés grave. pic.twitter.com/4V4yLzvrJv
— Ina.fr (@Inafr_officiel) August 5, 2020
«L'explosion qui volatilisa la majeure partie de l'Ocean-Liberty fut d'une violence inouïe ; elle s'accompagna d'un tel déplacement d'air que plusieurs immeubles furent soufflés en un instant, et les vitres totalement émiettées non seulement à Brest et dans ses faubourgs, mais également à des lieues à la ronde, écrira l'envoyé spécial du Monde.
Consécutivement à l'explosion, des incendies s'allumèrent un peu partout dans la ville, bombardée par une pluie d'acier et dévastée par le souffle de l'explosion.
LE SOUVENIR DE TEXAS CITY AUSSI
En dehors du nitrate d'ammonium, le cargo transportait en effet à son bord plusieurs sortes de matériel (machines, pneus, lubrifiants, graisse...) ainsi que plus de 350 tonnes de pétrole. Autant de débris et de matière polluante libérés d'un Ocean-Liberty éventré, pour pleuvoir sur la ville, laissant des Brestois complètement désemparés et livrés à eux-mêmes.
Si la catastrophe rappelle étrangement la tragédie qui se joue actuellement au Liban, elle reste néanmoins davantage à rapprocher de celle survenue la même année à Texas City, aux Etats-Unis.
Trois mois plus tôt, le 16 avril 1947, le SS Grandcamp, un navire battant pavillon français, explose lui aussi dans un accident dû à son chargement de près de 2.000 tonnes de nitrate d'ammonium.
On dénombrera alors plus de 500 morts, ce qui fera de cette catastrophe, l'une des premières de masse de l'industrie chimique moderne.