Le quotidien britannique The Guardian se fait l'écho, ce vendredi 31 juillet, d'une affaire des plus surprenantes secouant le petit monde de la colombophilie. Dans le cadre du concours de Barcelone, l'un des plus prestigieux du milieu, le club des internationaux français, déclinaison à l'internationale du Tour de France des pigeons, a vu onze de ses volatiles assassinés.
Dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 juillet, juste avant la compétition, les onze oiseaux français ont ainsi été retrouvés morts les uns après les autres, empoisonnés.
Le club tricolore a également déploré sept autres pigeons gravement malades, ce qui l'a poussé à se retirer précipitamment du concours, en invoquant des préoccupations concernant la sécurité et «l'équité», comme on peut notamment le lire sur le communiqué émis sur son site.
Un concours et des milliers d'euros
Interrogé par le Guardian, le président du club des colombophiles français a assuré que des concurrents s’étaient réjouis de ce massacre. Pour Philippe Odent, ce sont des actes odieux perpétrés par des «vautours» et des «parasites».
«Leurs paroles me sont indifférentes et ce serait leur faire trop d’honneur de les commenter, mais je pense qu'heureusement beaucoup de gens savent à présent le genre de sinistres personnages qu’ils sont», a-t-il ajouté.
The day after cats are outed as murderers, this happens. Coincidence? I think not. “Scandal strikes 'Tour de France of pigeon racing' as 11 birds die” https://t.co/Fl5pvzCEs9
— Chris Roper (@ChrisRoper) July 31, 2020
Pour bien comprendre, il faut dire que la course de Barcelone n'est pas n'importe quelle compétition colombophile. C'est tout simplement l'une des plus grandes courses d'endurance de l'année où se pressent chaque année des dizaines de pigeonniers européens.
Avant le retrait de la délégation française, l'édition 2020 comprenait à elle seule près de 15.000 pigeons inscrits prêts à parcourir 1.062 km à travers les Pyrénées.
Et dans cette compétition, où le premier prix consiste en un joli pactole de 250.000 euros, certains semblent partir du principe que tous les coups sont permis.
Un fluide moteur contaminant les abreuvoirs
Une rapide autopsie ayant été faite par un vétérinaire flamand sur l’un des pigeons morts a ainsi révélé des traces d’un fluide moteur appelé AdBlue dans les entrailles de l’oiseau.
Selon les premières constations, c'est l'un des abreuvoirs qui aurait été délibérément contaminé par ce liquide puis utilisé par l'un des volontaires s'occupant des oiseaux.
«Personne ne peut imaginer cela, tout le monde est dévasté», a déclaré au Guardian Luc de Geest du groupe Cureghem Centre, l'un des organisateurs belges qui dirige la course depuis près de cinquante ans. Pour autant, l'homme n'envisage pas à ce stade de dilligenter une enquête : «Nous sommes si tristes que nous ne souhaitons même pas entreprendre de recherches pour savoir qui exactement a souillé cet arrosoir mortel», a-t-il expliqué.
Alors que le Tour de France des pigeons 2020, initiallement prévu en juin, a dû être décalé en 2021 pour cause de pandémie de coronavirus, les colombophiles français se faisaient une joie de participer au concours de Barcelone, l'un des rares concours maintenus.
Et si pour Luc de Geest Barcelone était censé être une fête, «ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir dans une année déjà castrophique», a-t-il résumé.