Une enquête pour des pratiques violentes ainsi que des injures racistes et sexuelles au sein du tribunal de Paris a été ouverte par la justice ce mardi 28 juillet.
C'est l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui a été chargée des investigations, après le témoignage d'un des policiers du TGI de Paris, révélé par le site d'information en ligne Streetpress lundi.
Dans cette enquête, plusieurs accusations ciblent des policiers travaillant au tribunal de Paris sur une période allant de 2017 à 2019 : «violences volontaires par personnes dépositaires de l'autorité publique», des «injures publiques en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion», ainsi que des «injures publiques à raison du sexe ou de l'orientation sexuelle».
En parallèle, Claire Hédon, la nouvelle Défenseure des droits, a indiqué ce mardi qu'elle ouvrait aussi une enquête. Cette institution indépendante se prononce notamment sur la déontologie des forces de l'ordre.
déjà une première enquête de l'IGPN
La veille, la préfecture de police de Paris avait annoncé qu'une enquête administrative de l'IGPN avait déjà été rendue en février. Vue «la gravité des faits allégués», un conseil de discipline pour un policier sera organisé en septembre prochain et cinq autres recevront des sanctions par l'administration.
Questionné ce mardi à l'Assemblée, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a répondu : «Si ces faits sont avérés, il m'appartiendra de savoir pourquoi les préconisations de l'IGPN ne sont pas encore mises en place, pourquoi les sanctions, alors que ça fait une grosse année, n'ont pas été prises. Elles sont en cours m'a-t-on dit».
«Un rapport a été fait le 12 mars 2019, et l'IGPN a saisi le préfet de police le 6 juin 2019», a-t-il ajouté.
Dans cette affaire, le policier lanceur d'alerte qui s'exprime dans l'article du site d'information Streetpress est le brigadier chef Amar Benmohamed, qui travaille au dépôt du tribunal de Paris, où sont détenues les personnes attendant d'être présentées à la justice.
En mars 2019, il avait effectué un signalement à sa hiérarchie pour évoquer les privations de nourriture et les empêchements d'accès aux soins subis par «les déférés d'origine étrangère». S'y ajoutaient également des «propos racistes» tenus de «façon régulière» par une policière du tribunal de Paris visant ces personnes, surnommées «les bâtards».
Le brigadier chef Amar Benmohamed indique avoir entendu des propos tels que : «Ferme ta gueule, sale bougnoule», «négro», «sale race», ou encore «Je te lancerais tout ça dans la Seine», «Si on me laissait faire, je mettrais le feu à toutes ces merguez».
Au global, «plus de mille prévenus ont été maltraités» entre 2017 et 2019, selon ce fonctionnaire de police également délégué syndical chez Unité SGP-Police.
A noter qu'à la suite du signalement du brigadier chef Amar Benmohamed en mars 2019, un de ses supérieurs, lieutenant, avait envoyé un message interne rappellant que «les propos à caractère raciste, injurieux, discriminatoires» sont «à proscrire» et qu'il est «indispensable» d'accorder aux détenus «l'ensemble des droits» et de «rester attentif» à leur «état de santé».
Après la révélation des faits, le policier aurait été la cible de faits de «harcèlement moral», qui l'ont conduit à déposer une plainte avec constitution de partie civile, a indiqué lundi son avocat Arié Alimi.