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Mauvais traitements, racisme... un policier dénonce les pratiques de ses collègues au sein du TGI de Paris

Deux policiers devant Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, le 12 juillet. Deux policiers devant Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, le 12 juillet.[DENIS CHARLET / AFP]

Un policier a décidé de dénoncer les pratiques de ses collègues dans les cellules du tribunal de grande instance (TGI) de Paris. Il pointe notamment des insultes racistes systématiques et des mauvais traitements.

«Ferme ta gueule, va mourir, espèce de sale bougnoule», «je ne donne pas à boire aux négros», «qu'est-ce que tu fous dans ce pays, casse toi, rentre chez toi» : c'est le genre d'insultes racistes qu'ont pu subir plusieurs centaines de détenus dans le dépôt (lieu où sont enfermées les personnes en attente d'être présentées à un juge) du Tribunal de grande instance de Paris depuis 2017. 

Lancées par certains policiers chargés de surveiller les personnes en cellule, ces insultes s'accompagnaient de mauvais traitements qui relèvent de la «torture» et du «sadisme», selon le brigadier-chef Amar Benmohamed, qui a longuement témoigné pour le média StreetPress. Refus de servir de l'eau et de la nourriture aux prisonniers, crachats dans la barquette alimentaire, jet de la nourriture au sol, obstruction des arrivées d'air pour faire monter la température des cellules... Ce sont des centaines de cas de ce type qui sont cités.

Selon le policier de 48 ans, responsable d’une unité au sein du Tribunal de grande instance de Paris, ces faits sont à mettre au crédit «d'une vingtaine de fonctionnaires», «des petits jeunes qui sortaient d'école» et qui auraient porté atteinte à plusieurs centaines de détenus depuis le début de 2017. Interrogé par Street Press, un autre gradé dessine le profil de ces «petits jeunes» : «ils se sont engagés en réaction aux attentats. Pour schématiser, certains sont là pour défendre l’occident chrétien en péril. Le niveau de racisme y est assez élevé».

Une hiérarchie complice ? 

Amar Benmohamed, lui-même témoin de plusieurs mauvais traitements et d'actes racistes, a tenté d'en avertir sa hiérarchie, ainsi que l'IGPN (Inspection générale de la police nationale), la «police des polices». Le brigadier-chef a fourni à StreetPress des copies des courriers qu'il a adressé à ses supérieurs. Sans succès puisque les fonctionnaires fautifs n'ont jamais été sanctionnés. «Ils ont été couverts», assure-t-il aujourd'hui. 

Pire, considéré comme un traître, Amar Benmohamed a été ostracisé, pour ne pas dire plus, par certains de ces confrères. A lui, et à d'autres qui le soutenaient dans sa démarche de dénonciation des faits, «on ne disait plus bonjour et des vestiaires étaient dégradés».

Devant l'impossibilité de régler cette affaire en interne, et avec le souhait de ne pas être complice de cette «ambiance Adolf et Benito», le policier a décidé de rendre publics ces faits. Ce n'est pas le premier témoignage de policier sur des cas de racisme au sein de la police française. En juin 2020, Arte Radio et Mediapart ont révélé l'existence de groupes WhatsApp racistes, antisémites et misogynes au sein de police de Rouen.

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