Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour «viol» et «agression sexuelle» après les plaintes de près de trente femmes visant un street artist parisien, Wilfrid A., connu pour son tag «L'amour court les rues», a-t-on appris ce mercredi 8 juillet.
L'enquête judiciaire a été ouverte le 26 juin et confiée au 2e district de police judiciaire (2e DPJ), a confirmé le parquet de Paris, après un article paru dans le magazine Neon le 22 juin. Il a mis au jour des accusations de violences sexuelles visant cet artiste parisien, connu pour son tag «L'amour court les rues» figurant dans de nombreux endroits de la capitale.
«Avec l'aide de ses deux casquettes, celle du street artist et celle du photographe, Wilfrid A. se livrerait à une traque inlassable, qu'on pourrait qualifier de frénétique, aux très jeunes femmes, et ce depuis au moins une décennie», écrivait le magazine.
Plusieurs femmes interrogées par le magazine décrivent des faits de viol ou d'agressions sexuelles. Dans ce premier article, aucune plainte n'est recensée venant des femmes ayant témoigné, mais une plainte est finalement annoncée le 30 juin par Pauline Grand d'Esnon, journaliste autrice de l'enquête, sur Twitter.
Mardi, 25 femmes, âgées de 19 à 49 ans, ont mis en cause Wilfrid A. dans une nouvelle plainte. Douze l'accusent de «viol», treize d'«agression sexuelle», certaines étant mineures au moment des faits supposés, selon cette plainte déposée par Me Valentine Rebérioux et Me Louise Bouchain. Cette plainte a été jointe à l'enquête préliminaire déjà ouverte contre Wilfrid A., selon le parquet de Paris.
Le «stratagème» d'un «prédateur sexuel»
Ces 25 femmes racontent un même «stratagème» de la part de Wilfrid A., qualifié de «prédateur sexuel» jouant de sa «notoriété» pour «agresser ses victimes». L'homme «aborde les jeunes femmes dans la rue», souvent dans le quartier Montmartre dans lequel il réside, et les «complimente» puis «leur propose généralement de devenir ses modèles photo ou encore les égéries de sa marque»".
Arrivées à son domicile, les jeunes femmes, selon le texte de cette plainte, se voient souvent proposer drogue ou alcool. Wilfrid A. changerait alors d'attitude, devenant violent ou agressif, et aurait imposé à certaines des pénétrations sexuelles, aurait commis sur d'autres des agressions sexuelles. Certaines l'accusent également de les avoir droguées.
Contacté, Me Joseph Cohen-Sabban, avocat de Wilfrid A., a répondu qu'«une enquête ne commence pas dans un magazine mais dans un service de police. On ne répond pas à des rumeurs, mais à des faits.» «Mon client est prêt à s'expliquer devant les enquêteurs», a-t-il aussi dit, évoquant sa «crainte d'être lynché» après avoir été la cible de nombreuses «menaces».