Le message n'est pas passé. Alors que des policiers s'étaient rassemblé devant le Bataclan le 26 juin pour critiquer les accusations de violences policières, beaucoup ont trouvé que le geste était déplacé, à commencer par des victimes des attentats du 13 novembre.
«J'ai une éternelle reconnaissance envers les policiers intervenus et tous ceux que j'ai côtoyés par la suite dans ce contexte, et je n'ai jamais été adepte de "tout le monde déteste la police". Mais manifester devant le Bataclan est à la fois un chantage à l'émotion et de la récupération politique», a déclaré à franceinfo Christophe Naudin, qui était dans la salle de spectacle lors de l'attaque en 2015.
13onze15, association des victimes des attentats, s'est également exprimé sur les réseaux sociaux demandant à ce que «la mémoire des victimes des attaques survenues le 13 novembre 2015 ne soit pas utilisée à des fins politiques». Même son de cloche chez Life for Paris, une autre association, qui estime que malgré le caractère héroïque des policiers lors des attentats, «le Bataclan et ses victimes ne veulent pas et ne doivent pas être récupérés politiquement».
Nous aspirons et veillons à ce que la mémoire des victimes des attaques survenues le 13 novembre 2015 ne soit pas utilisée à des fins politiques.@13onze15 s'oppose fermement à toute forme de récupération, quelle que soit son origine.
— fraternité et vérité (@13onze15) June 27, 2020
Du côté policier en revanche, le déplacement était considéré comme justifié. En effet, dans le sillage de l'affaire George Floyd aux Etats-Unis, un questionnement mondial sur les abus de certains membres des forces de l'ordre est en cours, et des langues se délient pour raconter des histoires de violences. Se sentant critiqué par l'opinion publique, revenir au Bataclan, où ils avaient été applaudis pour leur courage, portait une symbolique importante.
Le Syndicat des Commissaires de la Police Nationale l'explique ainsi sur son compte Twitter : «lors de l’attentat du Bataclan, ce sont deux policiers du quotidien : un commissaire et un gradé qui ont eu le courage immense d’entrer avec leurs armes de poing pour stopper le périple meurtrier des terroristes. Ce sont ces mêmes policiers qui sont en colère.» Une façon de voir les choses qui n'est donc pas partagée par tout le monde, et qui pourrait avoir brouillé le message auprès de l'opinion publique.