Emmanuel Macron cherche comment «se réinventer», à deux ans de la fin de son quinquennat et après un second tour des élections municipales douloureux. Le remaniement devrait intervenir dans les prochaines heures, ce vendredi 3 juillet. Une restructuration profonde est attendue, qui passera notamment par l'émergence de nouveaux visages.
Il y a huit jours, déjà, la déclaration de Sibeth Ndiaye sur France 3 avait été très remarquée. «Il est assez légitime, avait estimé la porte-parole du gouvernement, qu’on se pose la question des deux prochaines années, de nos priorités, et évidemment des hommes et des femmes qui seront amenés à les porter (…)», ajoutant que cela passait «nécessairement par un remaniement».
«L'enjeu, c'est d'injecter du sang neuf [dans l'équipe gouvernementale] et surtout de continuer à élargir la majorité», indiquait en outre de son côté un ami du chef de l'Etat, sous couvert de l'anonymat, dans les colonnes du JDD, une semaine plus tôt.
Dans ce contexte, parmi les noms qui circulent en dehors de ceux des ministres déjà en poste et qui pourraient se voir attribuer un nouveau portefeuille, trois catégories semblent se dégager. Des maires et des parlementaires bien en vue, d'une part, et des personnalités au profil plus divers déjà bien placées dans la Macronie, d'autre part.
Béchu (Angers), Moudenc (Toulouse), Estrosi (Nice) : les maires sont demandés
Selon son entourage, indique Le Monde, Emmanuel Macron aimerait voir arriver plusieurs maires au gouvernement, afin de donner corps au «girondisme rénové», qu'il compte mettre en œuvre pour la dernière ligne droite de son mandat.
Dès le lendemain de sa prise de pouvoir, en juin 2017, après ses succès à la présidentielle et aux législatives, le contraste était en effet déjà flagrant entre un président de la République détenteur de tous les pouvoirs de l'Etat, et une droite puissante dans les territoires contrôlant la France des collectivités locales.
Aujourd'hui, crise des gilets jaunes et crise sanitaire étant passées par là, «le président doit se réconcilier avec les territoires, il nous faut des élus locaux qui ont exercé un mandat ces dernières années», estime un de ses conseillers officieux, toujours mentionné par le journal du soir.
Dans ce contexte, les noms de plusieurs maires sont cités, dont ceux de Christophe Béchu, maire d’Angers, qui a quitté Les Républicains en 2017, mais aussi celui de Christian Estrosi, qui, en trois ans, s'est davantage rapproché d'Emmanuel Macron. Le maire LR de Nice reste par ailleurs connu pour avoir affiché publiquement son soutien au médecin marseillais Didier Raoult. Le nommer au gouvernement pourrait donc constituer un geste de taille vis-à-vis d'un public très hostile au gouvernement actuel et au chef de l'Etat.
Dans une moindre mesure, sont également cités Benoist Apparu, maire de Châlons-en-Champagne et proche d’Edouard Philippe, et Jean-Luc Moudenc, à Toulouse. Si l'homme fort de la Ville Rose continue d'assurer qu'il refusera tout poste au gouvernement pour mettre «son énergie et son expérience au service des Toulousains», il pourrait se raviser.
Larrivé, Didier, Abad : des députés très observés
Du côté des députés, plusieurs élus, toujours à droite, sont également très épiés. C'est particulièrement le cas du président du groupe LR à l'Assemblée, Damien Abad qui, le 13 avril dernier, a fait grincer quelques dents dans son propre camp après avoir salué l'intervention du chef de l'Etat.
Sur CNEWS, le toujours député de la 5e circonscription de l'Ain avait ainsi estimé qu'Emmanuel Macron avait fait «preuve d’humilité». «C’est clairement un changement de ton, le ton martial a été abandonné au profit d’un ton plus humble. Enfin, il a assumé et reconnu un certain nombre d’erreurs […] que nous avons pointé depuis le début de manière constructive», avait-il ajouté.
Même son de cloche pour le député LR de l'Yonne, Guillaume Larrivé, et le député européen Geoffroy Didier qui, eux aussi, n'ont pas manqué de dire tout le bien qu'ils pensaient de l'union nationale. Le premier s'était en outre singulièrement fait connaître du grand public pour avoir participé à la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'affaire Benalla, en juillet 2018, avant de jeter l'éponge.
Aujourd'hui, selon Le Point, Guillaume Larrivé se dit animé par l'envie de servir l'État, lui qui avait aussi appelé à la démission du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. «S'ils viennent le chercher, il dira oui», confie néanmoins un de ses proches sous couvert de l'anonymat.
Face à des profils marqués à droite et masculins, des personnalités de gauche et des femmes émergent néanmoins. C'est le cas, notamment, du socialiste Jérôme Guedj, proche d'Olivier Véran, le ministre de la Santé. Les députées LREM de Paris, Olivia Grégoire, et des Yvelines, Aurore Bergé, toutes deux fidèles parmi les fidèles, pourraient elles aussi prendre du galon et intégrer le gouvernement.
Clément Beaune, deux experts très appréciés
Le nom de Clément Beaune, conseiller Europe d'Emmanuel Macron, est également évoqué, cette fois pour reprendre le secrétariat d'Etat aux affaires européennes, dirigé aujourd'hui par Amélie de Montchalin.
Donné depuis plusieurs mois sur le départ de l'Elysée, cette promotion permettrait de retenir le jeune homme (39 ans à peine) dans le giron de la Macronie, lui qui était dans la short-list pour la Commission européenne, avant d'être coiffé au poteau par Sylvie Goulard.
L'éphémère ministre des Armées, elle, avait vu finalement sa candidature rejetée, sur fond de controverse dans l'affaire des emplois présumés fictifs des assistants parlementaires du MoDem au parlement européen.
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