Farida C., l'infirmière dont l'interpellation lors de la manifestation des soignants, mardi aux Invalides à Paris, avait fait polémique en raison de sa violence, s'est exprimée pour la première fois depuis les évènements.
Interviewée par le journaliste Tahar Bouhafs pour le média «La-bas si j'y suis», elle donne sa version des faits.
Elle explique notamment les raisons de sa colère : «Je ne comprenais pas pourquoi on gaze des soignants, dit-elle. On vient réclamer nos droits, on vient dire 'au secours, l'hôpital brûle'. Ca fait longtemps qu'on est en train de vous dire qu'on va mal, qu'on ne peut plus soigner les gens dans la dignité, on ne peut plus honorer nos missions. Vous n'entendez pas, vous nous envoyez des gaz ? C'est incroyable. Je croyais que c'était fini ça, je croyais qu'on était les héros de la République».
Elle confie également avoit été «révoltée» par l'absence de reconnaissance dont fait preuve, selon elle, l'Etat. «Je croyais qu'on était les soldats de Mr. Macron, explique-t-elle. Je croyais qu'on nous avait confié le sort de la France, et qu'on avait répondu. Les gens ont répondu tous les jours, sont venus travailler. Les gens sont restés, les soignants ont annulé leurs vacances, fait des heures supplémentaires. Et quand on dit à l'Etat : 'rappelez-vous de ce que vous nous avez promis : que vous alliez améliorer nos conditions de travail. Et vous nous envoyez des gaz ? Vous nous étouffez ?' J'étais révoltée, je suis révoltée (...) Je ne veux plus me résigner».
"Je suis révoltée, je ne veux pas me résigner, je ne veux plus me résigner."
Témoignage exclusif de Farida, l'infirmière violemment interpelée ce mardi 16 juin lors de la manifestation des soignants.
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interview : @T_Bouhafs pic.twitter.com/2AP9hgIyzF— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) June 19, 2020
L'infirmière de 49 ans avait été interpellée pour avoir lancé des projectiles en direction des forces de l'ordre. Après avoir passé 24 heures en garde à vue, elle a été convoquée devant le tribunal correctionnel le 25 septembre pour des faits d'«outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique», «rébellion» et «violences sur personne dépositaire de l'autorité publique sans incapacité emporaire de travail» (ITT).
Elle a porté plainte ce vendredi à l'IGPN, alors que trois membres des forces de l'ordre ont également porté plainte.