«Ca va être serré» : le mot est sur toutes les lèvres à Mantes-la-Ville (Yvelines), seule commune RN d'Ile-de-France, qui va voir s'affronter au second tour des municipales le maire sortant Cyril Nauth et un novice en politique soutenu par LREM.
Au premier tour, l'élu RN a rassemblé près de 34 % des voix dans cette commune populaire des Yvelines, améliorant de quelque 3,5 points son score de 2014 au second tour, malgré une forte abstention notamment de son électorat âgé.
En 2014, Cyril Nauth, ex-professeur d'histoire, avait été élu avec seulement 61 voix d'avance, à la faveur d'une quadrangulaire, dans cette commune de 20.000 habitants acquise à la gauche depuis l'après-guerre, devenue depuis l'un des laboratoires du Rassemblement national.
Retrait des deux candidats de gauche
Cette fois, les deux candidats de gauche susceptibles de se maintenir au second tour se sont fait une raison et ont décidé de se retirer. «Se maintenir et provoquer une triangulaire, c'était me faire réélire», estime le maire sortant, fier de son bilan basé essentiellement sur le désendettement de sa commune. «Le duel m'avantage moins, mais je ne m'estime pas battu d'avance», ajoute-t-il.
Face à lui donc pour ce second tour, un unique candidat : Sam Damergy, chef d'entreprise dans le BTP, ex-rugbyman professionnel et ancien président du club de foot local. Fréquenté par beaucoup de jeunes issus de l'immigration, le club du FC Mantois (950 adhérents) a vu ses subventions réduites à néant peu après l'arrivée aux affaires de Cyril Nauth. Cela, Sam Damergy ne l'a jamais digéré. Raison de plus pour le quinquagénaire de se lancer dans la bataille électorale.
Sa «virginité» en politique, il l'assume. «Je ne suis pas un fin politique», reconnaît-il. Mais il sait pouvoir compter sur un électorat jeune et jusque-là plutôt abstentionniste dans les quartiers. Et lui qui se dit «sans étiquette», bénéficie de soutiens partisans (LREM, MoDem, UDI). Il a surtout le soutien du baron local, Pierre Bédier (LR), à la tête du département des Yvelines, ennemi juré du maire en place.
«Guéguerre puérile»
Au premier tour, la liste d'union de Sam Damergy a rassemblé 27,22 % des voix. Pour espérer l'emporter au second, explique le candidat, il faut convaincre les abstentionnistes. Autre grande inconnue de ce scrutin : le report des voix de gauche, qui ne devrait pas être automatique malgré un rejet viscéral du maire en place.
Car aucun candidat des listes arrivées derrière la sienne n'a été intégré à celle de Sam Damergy au second tour. Si «Cyril Nauth est un ennemi», Sam Damergy «reste un adversaire» donc «on appelle seulement à faire barrage à l'extrême droite», clame Amitis Messdaghi, l'ex-candidate PS/EELV.
A droite, le report de voix reste tout aussi incertain. L'ex-candidat Eric Visintainer, qui a rassemblé 6,48 % des voix sur son nom, ne donnera d'ailleurs «pas de consigne de vote» et «à titre personnel» votera blanc : «Les deux candidats sont nocifs pour Mantes-la-Ville», estime-t-il. Pour lui comme pour les autres détracteurs de Sam Damergy, ce dernier ne sera en tout état de cause que la «marionnette» de Pierre Bédier.
«Un homme de paille sans existence réelle», renchérit Cyril Nauth. Preuve en est, selon lui, le débat sur France 3 que Sam Damergy a réussi à «éviter» au premier tour. Pour le second tour, Cyril Nauth a réitéré sa demande d'un duel télévisé. Sam Damergy propose à la place dix «micro-débats» dans la ville, «au plus près des habitants». «Damergy se déballonne», a aussitôt réagi le maire RN, criant au «scandale démocratique».
En attendant un éventuel débat, les noms d'oiseau fusent entre les deux camps en ce début de campagne. Au grand dam des habitants qui dénoncent, comme David, un jeune électeur du maire, «une guéguerre puérile», appelant les candidats à parler davantage de leur programme.
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