Des manifestations ont lieu aujourd'hui partout en France pour demander au gouvernement de véritables actes en direction des soignants et de l'hôpital public.
Ce «coup de colère», comme l'appellent certains manifestants, arrive après trois mois de crise sanitaire pendant laquelle de nombreuses pénuries de masques et de matériel médical ont été à déplorer. «La crise a été traumatisante pour de nombreux soignants», estime Anne-Claire Rafflegeau, porte-parole du collectif Inter-Urgences, en faisant également allusion au personnel médical touché par l'épidémie.
Pour les manifestants, il s'agit de lutter contre «la logique comptable» qui, pour eux, dirige l'hôpital. «Est-ce que l'on peut inclure des gens de terrain dans la gouvernance de l'hôpital plutôt que d'avoir des technocrates ?», illustre par exemple Anne-Claire Rafflegeau. Mais c'est la question des salaires, des moyens et des effectifs qui cristallise le mécontentement des soignants. Une hausse de ces trois points est souhaitée.
«On ne veut pas de médaille ou de petite prime à la sauvette, on veut un salaire à la hauteur de ce que nos métiers apportent à la société», explique Clara Grémont, aide-soignante près de Montpellier, où plusieurs milliers de manifestants ont défilé à partir de 10H00 entre les principaux sites du CHU.
Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, a réclamé sur Public Sénat une hausse de salaire de «300 euros pour l'ensemble des personnels», tandis que le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a pointé «le problème du manque de personnels, le problème de la reconnaissance des diplômes et des qualifications, les fermetures de lits».
Des propositions seront faites en juillet lors du Ségur de la Santé
Depuis le déconfinement, plusieurs actions spontanées avaient été menées par les soignants lors des «jeudis et des mardis de la colère», qui s'étaient soldées par des rassemblements disparates devant certains hôpitaux, déjà pour demander plus de moyens pour l'hôpital public.
Cette manifestation du 16 juin a été organisée alors que se déroule actuellement le «Ségur de la santé», une concertation entre les syndicats, des collectifs de soignants et le gouvernement pour tenter d'améliorer le système de santé français. Pour l'instant, les participants regrettent le flou et le peu d'annonces concrètes qui émergent de cette négociation. Mais elle n'est pas terminée : lancé le 25 mai par Édouard Philippe, le «Ségur de la Santé» a jusqu'au mois de juillet pour accoucher de propositions.
Depuis que l'épidémie semble se tarir, les réductions de lits, de postes et de services ont repris. A l'hôpital de Lisieux, le service de médecin interne va fermer, la faute à un départ à la retraite non remplacé. A celui de Nancy, l'Est Républicain estime que jusqu'à 1.000 postes pourraient être supprimés d'ici à 2033, selon une décision prise avant la crise sanitaire.