Comme dans le reste du pays (hormis Mayotte et la Guyane), les salles de sport peuvent rouvrir dès ce lundi en Ile-de-France, passée en zone verte après les annonces dimanche du chef de l'Etat Emmanuel Macron. Pour permettre l'accueil de leurs adhérents, les gérants ont dû mettre en place une nouvelle organisation afin de respecter les règles sanitaires.
Pour tous les Franciliens qui rêvaient de revenir dans leur salle de sport pour courir sur un tapis, soulever de la fonte ou s’adonner aux joies du yoga ou du cross-fit, l'attente prend fin. Après des semaines à suivre des cours en ligne via les applications et la mobilisation de centaines de coachs, ils sont de nouveau autorisés à transpirer à grosses gouttes - avec haltères et machines, si besoin - dans un lieu beaucoup plus adapté que leur salon. Un retour qui s'effectue progressivement jusqu'au 22 juin en fonction des clubs.
des entraînements en toute sécurité
Pour que chaque membre puisse profiter au mieux de sa séance de sport sans prendre de risque pour sa santé en raison de l'épidémie de coronavirus, les établissements de sport et de remise en forme ont mis tout en œuvre pour offrir un service de qualité, tout en respectant les normes sanitaires. Un moyen aussi de rassurer au maximum leur clientèle. «Les protocoles sur lesquels nous travaillons, vont nous permettre de protéger notre personnel et nos 50.000 adhérents sur l'ensemble de notre réseau», explique Arthur Benzaquen, propriétaire de Ken Group-CMG, qui ouvrira l'ensemble de ces clubs le 22 juin.
Céline Remy-Wisselink, cofondatrice des Sports Clubs Neoness, estime qu'il y avait «un impératif de réalisme économique» à prendre en compte, et se dit «prête» pour cette reprise d’activité qui s'effectuera pour ces établissements dès le mardi 16 juin. «Il faut faire en sorte de cohabiter avec ce virus tout le temps où il sera encore parmi nous, et cela dans les meilleures conditions», ajoute-t-elle.
Tous les directeurs de clubs ont préparé des plans d’attaque pour que les sportifs puissent s’adonner à leur passion, tout en respectant les gestes barrières et la distanciation sociale.
Des garanties sanitaires pour les abonnés
Pour ce faire, «des distributeurs de gels hydroalcooliques seront mis à la disposition de chacun et des écrans digitaux diffuseront les informations liées aux gestes barrières à respecter. Un casier sur deux dans les vestiaires sera aussi condamné pour que les personnes puissent être au minimum à un mètre les unes des autres. Même consigne pour les machines de musculation et les vélos avec le retrait d’un appareil sur deux. On encouragera aussi une pratique individuelle du sport dans les salles de cardio et de training», détaille Céline Remy-Wisselink.
Dans les espaces dédiés aux cours collectifs, des traçages au sol sont envisagés pour que chacun soit libre de ses mouvements dans un périmètre de 5 mètres carrés au minimum. Impossible ainsi de toucher son voisin. Des stickers serviront par exemple de repères pour aider les adhérents à se positionner dans l’espace. Plusieurs infrastructures prévoient de limiter le nombre de participants à ces séances en groupes pour éviter d’avoir une densité de population trop élevée. Chez Neoness, on a déployé «des systèmes informatiques pour gérer des réservations en ligne sur des créneaux horaire pour l’ensemble de la salle». La Salle de Sport with Reebok, implantée dans un sublime bâtiment près de l'église de La Madeleine, à Paris, a prévu, à compter du 22 juin, «d'espacer les cours avec un battement de 30 minutes entre chaque afin de réduire les flux dans les axes de circulation et dans les vestiaires».
Des accès limitées aux salles et aux machines
De son côté, Patrick Rizzo, directeur général des clubs de sport haut de gamme L’Usine dans la capitale (Beaubourg, Opéra, Saint-Lazare) souhaite continuer d'offrir de l’espace et de la liberté à chacun de ses clients, et milite pour «une personne tous les 10 mètres carrés». «Pour les espaces stretching, il sera recommandé (dès le 22 juin) de ne pas être plus de quatre à cinq personnes par salle. Nous allons aussi inciter nos abonnés à ne pas venir pendant les heures dites «pleines» de 12h30 à 14h, et à 18h, mais plutôt aux heures dites «creuses». Ceux qui joueront le jeu pourront bénéficier d’une rallonge de la prolongation de leur abonnement. Le planning du coaching privé sera totalement réadapté pour diviser le nombre de créneaux dans la même salle. Enfin, nous utiliserons la sortie de secours pour fluidifier les entrées et les sorties, et espérer que nos clients ne se croisent pas. Ou le moins possible», détaille-t-il.
Comme L'Usine, Ken Group, qui a racheté les salles de sport CMG Sports Club et détient entre autres 21Blanche et le Klay à Paris, a travaillé sur un accueil optimal de sa clientèle, même si ces grands noms du secteur du sport offrent déjà des prestations luxueuses par rapport aux salles de sport low cost. «Les douches resteront disponibles, mais leur nombre sera réduit sans doute de moitié, les serviettes de bain pourront être laissées dans les vestiaires ou déposées dans des paniers, et des plaques de plexiglass pourraient être installées autour des machines», précise son propriétaire, Arthur Benzaquen.
Le port du masque n'est pas forcément obligatoire
Si le personnel d'accueil et les coachs seront, tous clubs confondus, équipés de gants, de masques, voire de visières, qu'en est-il des adhérents ? Le port du masque divise les acteurs du marché du sport. Certains, comme Patrick Rizzo, sont favorables et le recommanderont fortement dans leurs centres, d'autres estiment qu'il en va de la responsabilité civile et qu'ils ne peuvent l'imposer.
Pour éviter la propagation du virus, la désinfection des machines ainsi que des poids libres ou des tapis de yoga sera par ailleurs effectuée par le personnel, les coachs ou les clients eux-mêmes grâce à des sprays mis à leur disposition. «On veillera à ce que les centres soient aussi désinfectés deux fois par semaine, en complément des 70 à 90 heures de ménage par semaine déjà effectuées. Nous ne ferons pas fonctionner la climatisation, et ouvrirons les fenêtres pour renouveler le volume d'air», explique le directeur général de L'Usine.
Des compensations pour les abonnés
Quand les clubs et salles de sports ont baissé rideau, les adhérents se sont vu pour la plupart proposer des remboursements, des reports de leurs abonnements ou des offres avantageuses. Le groupe Fitness Park a proposé par exemple trois offres de compensation : la suspension de son abonnement pendant la durée de la fermeture, trois mois offerts à un proche dès la réouverture des clubs, ou une réduction de 5 euros par mois sur un abonnement de douze mois. Les Sports Clubs Neoness ont donné quant à eux la possibilité de prolonger son abonnement de la durée de la fermeture, ou de basculer vers la formule «First» qui permet de venir gratuitement avec un proche à chacune de ses séances et de bénéficier d’une serviette propre et d’une boisson vitaminée. En règle générale, les salles de sport ont tout simplement suspendu les abonnements le temps du confinement.
La reprise du sport aussi dans les entreprises
En entreprise aussi, l’activité physique est un facteur clé. Beaucoup de sociétés et de groupes proposent à leurs salariés des cours collectifs organisés dans des salles de réunion ou des infrastructures plus importantes, avec une mise à disposition d’équipements sportifs. Et des mesures strictes devront également être appliquées. «Nous attendons de voir si les employés resteront en télétravail ou reviendront au compte-goutte au bureau. La reprise du sport n’est pas la priorité actuellement dans les entreprises, mais il y a une forte demande. La salle de sport est aussi un endroit où les employés trouvent du réconfort», expliquait, avant le déconfinement, Caroline Doundov, directrice de l’entreprise Fitness Corporate. La jeune femme envisage de prendre les mêmes dispositions que dans les salles de sport grand public, et proposera «des cours collectifs axés davantage sur le renforcement musculaire que sur le cardio, qui induit de grosses gouttes de sueur qui perlent sur le visage et qui font peur aux gens» en cette crise sanitaire. Concernant le port du masque, elle se pliera aux directives appliquées par chacune des sociétés avec lesquelles elles collaborent.