Midazolam, propofol, atracurium, cisatracurium, rocuronium : leurs noms semblent un peu barbares mais ces produits anesthésiants sont utilisés chaque jour dans les hôpitaux français. En période d'épidémie, la demande a explosé. A tel point qu'un collectif de médecins de la Côte-d'azur s'inquiète de l'amenuisement des stocks.
Ces médicaments sont notamment indispensables au bon fonctionnement des services de réanimation, particulièrement sollicités pendant la crise. Or, dès le 31 mars à l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé, Olivier Véran, reconnaissait «des tensions sur les stocks de produits anesthésiques».
Le contexte de pandémie a considérablement perturbé la chaîne d'approvisionnement de ces médicaments, essentiellement fabriqués en Inde et en Chine, au moment même où la demande augmentait sensiblement.
Pour réguler l'écoulement des stocks et éviter que certains hôpitaux fassent des réserves au détriment des autres, l'Etat a décidé de prendre la main sur l'achat et la distribution de ces substances par décret, le 27 avril.
Depuis les pharmacies hospitalières ne peuvent plus passer commande auprès des laboratoires pharmaceutiques et, dans les hôpitaux, la consigne est d'économiser ces produits au maximum.
Seulement voilà : la reprise des soins hors Covid-19 repose en grande partie sur la disponibilité de ces médicaments, puisqu'ils sont aussi utilisés pour endormir les patients avant une opération ou pour accompagner la fin de vie.
C'est sur ce point que les 13 médecins membres du collectif représentant des hôpitaux publics et privés des Alpes-Maritimes insistent. Selon les informations de Nice Matin, ils demandent, dans un courrier adressé à l'Agence régionale de santé (ARS), à ce que la réquisition de ces molécules par l'Etat prenne fin.
Ces praticiens expriment leur «extrême inquiétude face à une probable seconde crise sanitaire, faute de livraison» de ces cinq produits. Concernant le propofol, «aucun établissement du département ne semble avoir été livré depuis 15 jours», s'indignent-ils.
S'ils savent s'adapter «en favorisant systématiquement des produits anesthésiques alternatifs aux molécules en situation de réquisition», ces médecins affirment néanmoins que «cela ne pourra pas durer».
Deconfinement : urgent de reprendre activités dans les cliniques. Transparence sur stocks de produits anesthésiants. Incurie de l’Etat sur gestion. Comme pour les masques ??
— Jean-Paul Ortiz (@drjportiz) May 10, 2020
Le collectif déplore notamment de ne pas être davantage informé sur «les stocks disponibles, les chaînes d’approvisionnement et la durée de la réquisition». Ses membres s'étonnent en outre que l'Etat n'appelle pas à une mobilisation des Entreprises du médicament (Leem) en France pour pallier cette urgence sanitaire.
Faisant référence aux «11 000 respirateurs» fabriqués «en un temps record», ainsi qu'aux «centaines de millions de masques désormais disponibles en grande surface», ces professionnels de santé espèrent que «la reprise d'une activité sanitaire normale est également la priorité de l'Etat».