Agressions racistes ou vols motivés par l'appât du gain ? Quatre hommes, dont un mineur au moment des faits, sont jugés à partir de jeudi 14 mai pour une cinquantaine de vols avec violence sur des personnes majoritairement d'origine asiatique, à Paris et dans le Val-de-Marne.
Ces jeunes, âgés de 18 à 21 ans, dont deux d'entre eux attendent leur procès en prison, seront jugés pour vols avec violence, en réunion, et avec la circonstance aggravante de racisme. Celui qui était mineur au moment des faits sera jugé à huis clos par un juge des enfants. Ils avaient été interpellés en mai 2019.
Au total, les enquêteurs ont identifié une cinquantaine de victimes, des femmes et des hommes souvent âgés, même si les associations estiment qu'elles sont en réalité plus nombreuses, beaucoup d'entre elles ne déposant pas plainte.
Agressions à la chaîne sur fond de racisme
Les agressions se sont déroulées, à la chaine, et en l'espace de quelques jours avec le mode opératoire suivant : les agresseurs, en bande, repéraient une victime, la poursuivaient sur plusieurs mètres, puis tentaient de lui dérober son sac à main. Si elle résistait, elle était rouée de coups.
Alimentées par des préjugés racistes tels que «les asiatiques ont toujours du cash sur eux», ces attaques seraient aussi devenues «un rite de passage» pour des jeunes souhaitant intégrer la bande, selon des enquêteurs.
«Pour nous, le caractère raciste ne fait aucun doute. Toutes ces victimes ont été choisies parce qu'elles sont perçues comme asiatique. La justice doit le prendre en compte», insiste Me Lam Soc, conseil des victimes.
Fréquentes depuis de nombreuses années en banlieue parisienne, ces agressions anti-asiatiques ont eu un retentissement national avec celle, mortelle, en 2016 en Seine-Saint-Denis, de Zhang Chaolin, un couturier chinois de 49 ans.
Dans le Val-de-Marne, ces agressions se concentrent principalement dans les villes d'Ivry et Vitry-sur-Seine, proches du 13e arrondissement de la capitale où vit une importante communauté asiatique.
Ce procès, qui se tient sur deux jours, est l'un des premiers à avoir lieu au tribunal judiciaire de Créteil depuis le début du déconfinement. Respect des mesures de distanciation physique et port du masque seront obligatoires dans la salle d'audience.