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Coronavirus : le taux de mortalité en réanimation en France fait débat

Le 17 avril, à l'hôpital Emile Muller de Mulhouse. Le 17 avril, à l'hôpital Emile Muller de Mulhouse.[PATRICK HERTZOG / AFP]

Le taux de mortalité en réanimation pour les patients atteints du Covid-19 pourrait atteindre 30 à 40%.

Vendredi 17 avril. Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé tient son point presse quotidien dans lequel il rend compte de la situation de l'épidémie en France. Invité par une journaliste à se prononcer sur le taux de mortalité en réanimation pour les patients atteints du Covid-19, il répond : «Le taux de mortalité observé en réanimation (pour les patients atteints du Covid-19, ndlr) est de 10%, ce qui est déjà beaucoup. Cela va de 5% pour les formes les plus «favorables» à 20% si l'état est plus préoccupant», affirme-t-il avant de nuancer : «les réanimateurs disent que donner un taux brut n'a pas de sens puisque tout dépend de l'état du patient». Ce chiffre de 10% a été calculé à partir des données de Santé Publique France

Sauf que selon une étude (pas encore publiée) du Réseau européen de recherche en ventilation artificielle (REVA) et à laquelle Le Monde a pu avoir accès, le taux de mortalité en réanimation pour les patients atteints du Covid-19 serait trois à quatre fois plus élevé que ce qu'a annoncé Jérôme Salomon : «nous nous dirigeons vers une mortalité qui sera très vraisemblablement entre 30 % et 40 %. C’est un chiffre énorme», a déclaré au journal du soir Matthieu Schmidt, médecin réanimateur à la Pitié-Salpétrière, à Paris, et coordinateur du REVA.

«On n’a jamais vu de tels taux de mortalité»

Les auteurs de l'étude ont suivi un groupe d’un peu plus de 1.000 patients pendant vingt-huit jours, du 28 mars au 25 avril. Et les résultats, qui devraient paraître mi-mai dans une revue internationale médicale, doivent encore être affinés. Mais ce qu'ils révèlent semble inédit : «On n’a jamais vu de tels taux de mortalité. Avec le H1N1, même avec les formes les plus graves, on était à 25%», se souvient Matthieu Schmidt.

Selon lui, cela pourrait être dû aux caractéristiques de la maladie : «On n’est pas seulement sur une pneumonie, sur une simple défaillance des organes pulmonaires, mais sur une pathologie grave qui a aussi une grande composante inflammatoire, vasculaire, ou qui peut également atteindre les reins».

Mais comment expliquer la différence entre les chiffres donnés par Jérôme Salomon et ceux de l'étude du REVA ? Selon plusieurs médecins interrogés par le journal, les chiffres annoncés par le directeur général de la Santé seraient parcellaires et ne reflètent pas la mortalité définitive. Aussi la période prise en compte (du 16 mars au 12 avril) par Santé Publique France pour calculer ce taux ne serait pas représentative de l'intensité de l'épidémie. 

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