Depuis le début du confinement, les associations d’écoute SOS Amitié et SOS Suicide Phénix font face à une augmentation importante du nombre d’appels.
«Nous sommes passés de 5.000 appels par jour avant le confinement à 7.000 en moyenne», a calculé François Gourdault-Montagne, porte-parole et bénévole à SOS Amitié. L’association SOS Suicide Phénix observe la même tendance : pour la semaine 15 de l’année (du 6 au 12 avril), elle a reçu 288 appels. L’année dernière, à la même période, seulement 74. SOS Suicide Phénix juge que plus de 95% des appels reçus sont liés au Covid-19. Les deux associations déclarent accueillir des appels venant de personnes qui font la démarche pour la première fois. Preuve, s’il en fallait une, que le confinement joue sur la santé mentale des Français et sur leur sentiment de solitude.
La crise sanitaire, en revanche, n’influence pas directement la prise en charge des personnes en détresse. «Nous sommes là pour écouter les personnes qui en ont besoin et pour les aider à mettre des mots sur leur mal-être», explique François Gourdault-Montagne. «Les personnes qui nous appellent ne mettent pas directement en cause le Covid-19 mais ses conséquences», continue-t-il en ne dressant aucun «profil type» des personnes souffrant de solitude. Que ce soit à SOS Amitié ou à SOS Suicide Phénix, il est possible de demander de l’aide gratuitement par téléphone ou par messagerie. La deuxième solution étant plus prisée des jeunes.
Les bénévoles font du «télébénévolat»
Mais la période entraîne des désagréments techniques : obligées de mettre en place du «télébénévolat» (les bénévoles, confinés, reçoivent les appels depuis leur domicile), les deux associations fonctionnent en effectif réduit. «Nous n’avons pas pu équiper tous nos écoutants d’une ligne téléphonique», affirme Marie Rimbaud, bénévole à SOS Suicide Phénix et également vice-présidente. Au lieu des 70 à 90 bénévoles normalement disponibles, cette ligne de prévention du suicide fonctionne grâce à dix personnes, qui multiplient le nombre d’heures d’écoute. «J'en fais jusqu’à quatre heures par jour», raconte par exemple Marie, qui dit pouvoir recevoir jusqu’à 30 appels sur ce laps de temps.
Quitte parfois à devoir limiter la durée de la conversation afin de ne pas «boucher» la ligne ouverte de midi à minuit. «Nous leur demandons de rappeler plus tard dans la journée pour discuter à nouveau, ce que les gens comprennent très bien», informe la bénévole. A SOS Amitié, les appels durent en moyenne une vingtaine de minutes et les équipes assurent une écoute à toutes les heures du jour et de la nuit.
Pour autant, même si elles manquent de bénévoles, les deux associations ne souhaitent pas, pour l’instant, en accueillir de nouveaux. A cause de la crise sanitaire, elles ne peuvent pas les former (25 heures de formation pour SOS Amitié par exemple), et manquent de moyens techniques. En attendant, il existe une alternative pour les aider, et François Gourdault-Montagne préfère le dire en riant : «on peut toujours nous faire un don».