La réserve naturelle de Scandola, située en Corse-du-Sud, va perdre son Diplôme européen des espaces protégés, une distinction qu'elle avait obtenue en 1985. La raison ? La trop forte pression touristique sur le site et ses effets néfastes sur la flore et la faune.
Cette décision du Conseil de l'Europe, publiée dans un rapport daté du 30 mars, a été prise à l'unanimité des experts concernés lors d'une réunion les 18 et 19 mars, et ce notamment «en raison du considérable manque de progrès réalisés et des tentatives minimales de communication» de la part des gestionnaires de la réserve. Elle prendra effet en septembre.
Sur le fond, le retrait de ce label européen à la réserve de Scandola, créée en 1975 sur 920 hectares terrestres et 1.000 hectares de zone marine, est notamment dû à «la fréquentation incontrôlée (du site) par les visiteurs de tous bords et (...) les effets dommageables sur la nature du site, ses écosystèmes (et) les espèces de flore et de faune qui lui sont propres».
Dès décembre 2018, un rapport du CNRS avait souligné par exemple que «la population de balbuzards pêcheurs, un rapace protégé et menacé en mer Méditerranée, (s'effondrait) dans la réserve naturelle nationale de Scandola» à cause du tourisme.
José Filippi, directeur du Parc naturel régional de Corse, s'est déclaré «très surpris par cette décision», auprès de l'AFP : «De nombreuses choses sont faites depuis un an et demi pour protéger ce site (et) deux conseils scientifiques se sont d'ailleurs réunis durant cette période», a-t-il affirmé, précisant qu'une «réponse technique» sera communiquée dans quelques jours et que tout sera mis en œuvre pour «récupérer ce diplôme».
En mars 2019, neuf associations corses avaient écrit au ministre de la Transition écologique d'alors, François de Rugy, pour demander «des mesures d'urgence dès l'été 2019», dont une «zone d'interdiction» d'accès, pour sauver la réserve. «Située dans le Sanctuaire des Pélagos, la partie marine de la Réserve est désertée par les poissons et autres animaux marins en raison du fort dérangement et de la pollution sonore», avaient notamment fustigé les associations dans ce courrier.
Egalement inscrite au Patrimoine mondial par l'Unesco, la réserve de Scandola est titulaire de nombreux autres labels de protection, comme Aire marine protégée et zone Natura 2000 notamment.
En France métropolitaine, cinq autres sites ont obtenu ce diplôme européen des espaces protégés, la Camargue (Bouches-du-Rhône et Gard), la Vanoise, les Ecrins et le Mercantour dans les Alpes, et l'île de Port-Cros dans le Var.