Alors que plusieurs groupes de la grande distribution avaient répondu favorablement il y a un mois à l'appel de Bruno Le Maire à verser une prime de 1.000 euros aux salariés qui continuent à travailler malgré la crise du coronavirus, tous ne pourraient finalement pas la recevoir, ou du moins pas en intégralité.
Du côté d'Auchan, qui avait été le premier groupe à s'engager le 22 mars à verser 1.000 euros à l'ensemble de ses 65.000 collaborateurs, la prime défiscalisée, c'est-à-dire exonérée d'impôt sur le revenu, ne sera finalement pas forfaitaire, mais proportionnelle au temps de travail effectif, a indiqué l'entreprise à l'AFP le 15 avril.
Ainsi, selon la CFDT et FO, seuls les salariés ayant travaillé en magasin plus de 28 heures par semaine du 15 mars au 18 avril toucheront les 1.000 euros proposés par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire le 20 mars pour récompenser ceux qui «ont eu le courage de se rendre sur leur lieu de travail» malgré l'épidémie de Covid-19. Ceux qui ont travaillé entre 10 et 28 heures toucheront une prime au prorata des heures travaillées, et ceux ayant fait moins de 10 heures, comme les étudiants le week-end, 50 euros.
«Les règles d'attribution de la prime annoncées le 10 avril sont profondément discriminantes et inspirent un réel sentiment d'injustice pour beaucoup de salariés, qui se sentent floués», a fait valoir la CFDT. Contactée par Franceinfo, la direction d'Auchan a indiqué que le sujet n'était pas encore tranché.
Une prime seulement octroyée à certains salariés
Même flou du côté du groupe Casino. Lors de la présentation des résultats de l'entreprise le 26 mars, son PDG, Jean-Charles Naouri, avait déclaré qu'il comptait bien verser une prime exceptionnelle à ses salariés, d'un montant équivalent à celui annoncé par ses concurrents, soit 1.000 euros, tout en précisant qu'elle ne serait «pas la même pour quelqu'un en télétravail ou en caisse».
Mais depuis, aucune nouvelle. Un contexte d'attente pesant, qui provoque des rumeurs selon Laurence Gilardo, déléguée syndicale FO à Casino, interrogée par Franceinfo. «Notamment que le personnel qui met en rayons de nuit chez Casino n'aura pas la prime puisqu'ils ne sont pas exposés aux clients», indique-t-elle. Selon Business Insider France, la direction de Casino devrait rapidement donner des éclaircissements aux salariés.
Chez Leclerc, on pourrait retrouver peu ou prou la même situation, avec des salariés pas tous logés à la même enseigne. D'après les informations de Franceinfo, les employés des entrepôts et des bases logistiques ont la certitude de recevoir la prime défiscalisée de 1.000 euros. Mais pas les salariés travaillant en magasins. Ce sera en effet au bon vouloir de la direction de chaque point de vente, les supermarchés Leclerc étant franchisés.
Les groupes de la grande distribution Carrefour, Les Mousquetaires (Intermarché, Netto), Système U et Lidl ont également fait part les 22 et 23 mars de leur volonté de verser la prime de 1.000 euros à leurs salariés - qui pourra être portée à 2.000 euros pour les entreprises disposant d'un accord d'intéressement, précise une ordonnance adoptée le 1er avril en conseil des ministres -, mais aucune information n'a filtré depuis.