C’est dans les moments difficiles que les pires comportements se révèlent. Avec l’épidémie de coronavirus, le confinement et les changements de logement qu’il a parfois entraînés, des cas de chiens et chats abandonnés à leur sort par leurs propriétaires ont été découverts.
La Fondation 30 millions d’amis a ainsi rapporté l’exemple de trois chats laissés sans eau ni nourriture dans une habitation, à Lure (Haute-Saône). Remarquant l’odeur d’excréments qui s’en dégageait, des voisins ont alerté les forces de l’ordre, qui ont fracturé une vitre pour sauver les animaux. En Seine-Saint-Denis, un scénario identique a permis de libérer un labrador et un pinscher, laissés eux aussi à l’abandon.
«Très souvent, ce sont des voisins qui se rendent compte de la situation, en entendant des chiens aboyer et des chats miauler dans un logement, tandis que plus personne n’y vient», décrit Arnauld Lhomme, responsable des enquêtes à la fondation.
des propriétaires disparus
Dans certains cas, il s’agit d’une personne malade ayant dû quitter précipitamment son lieu de vie pour des raisons de santé, explique-t-il. Une récente intervention a ainsi eu lieu chez quelqu’un hospitalisé depuis une dizaine de jours.
Avec la rapidité à laquelle les symptômes du Covid-19 peuvent empirer, l’enquêteur conseille aux personnes à la santé fragile vivant seule avec un animal de l’indiquer sur un papier visible des secouristes, pour qu’ils fassent remonter l’information. «Ils ne voient pas toujours qu’il y en a un dans le logement, car il peut se cacher au moment où ils arrivent. Parfois, malheureusement, ils repartent aussi en l’ayant vu mais ne s’en soucient pas», regrette-t-il.
Le prétexte du confinement pour se justifier
Dans d’autres cas, il s’agit de personnes parties de chez elles pour se confiner ailleurs, en laissant volontairement leurs compagnons. Un propriétaire identifié a ainsi expliqué qu’il passait tous les quatre jours pour nourrir ses animaux. «Ils disent que les autorités demandent d’éviter les déplacements et qu’ils suivent donc les règles», raconte Arnauld Lhomme. «Dans une affaire en cours, on ne sait même pas où sont passés les propriétaires, alors qu’ils savent que leur domicile a été fracturé pour sauver les bêtes».
Si aucun animal n’a heureusement été retrouvé mort jusque-là, la fondation 30 millions d’amis rappelle que la loi permet d’entamer une procédure d’abandon pouvant conduire à deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende. Elle alerte aussi sur le fait que des animaux qui se retrouvent soudainement seuls pendant longtemps sont susceptibles de développer de futurs troubles du comportement (aboiements, agressivité…).
«Ça montre bien la société dans laquelle on vit», conclut Arnauld Lhomme. «On se demande si les gens ont conscience de ce qu’ils font».