En direct
A suivre

François-Xavier Long : «Je suis maire d'un village sans habitants»

François-Xavier Long est le maire de Louvemont-Côte-du-Poivre depuis 2003. François-Xavier Long est le maire de Louvemont-Côte-du-Poivre depuis 2003.[Martin FORT/CNews]

Dans la Meuse, six communes, détruites pendant la Première Guerre mondiale, n'ont plus d'habitants. En revanche, elles conservent chacune un maire, comme à Louvemont-Côte-du-Poivre.

François-Xavier Long, écharpe bleu-blanc-rouge en bandouilière, déambule dans les rues de Louvemont-Côte-du-Poivre. Ici, il déploie le bras : «voilà la rue principale», assure-t-il en désignant une clairière soigneusement tondu. «FX» n'est pas humoriste ni dément, il est maire d'un village qui n'a pas d'habitant. Détruit pendant les combats de la bataille de Verdun, ce petit coin de Meuse est déclaré «mort pour la France», comme cinq autres bourgades aux alentours. La chapelle, construite en 1932, et le monument aux morts sont les seules structures «en dur» du lieu.

20.000 euros de budget

Cet ancien chirurgien maxilo-facial de 75 ans est le sixième, depuis la fin de la Première Guerre mondiale, à porter ce sacerdoce, payé «de quoi s'acheter des cigarettes» comme il aime le dire. Ses missions ? «Entretenir à la fois le site d'un hectare et sa mémoire» avec les 20.000 euros annuels accordés par l'Etat. La première est assurée par un chantier d'insertion, la deuxième, c'est sa passion. Ils sont nombreux, scolaires, amis ou curieux, à avoir crapahuté avec lui dans ce paysage remodelé par les explosions. «Il faut s'imaginer qu'il y a un siècle, des milliers de tonnes d'obus sont tombés ici», se souvient-il intarissable, capable de citer le nombre de morts dans la bataille (160.000) ou la proportion de l'armée française passée par Verdun (9/10). Dans le sous-bois avoisinant, les tranchées, encore visibles, et les ruines, toujours debout, matérialisent le passé. 

img_0821_5e69142eeb802.jpg

Les ruines d'une maison. Martin Fort/CNews

Ses deux faits saillants, depuis son premier mandat en 2003 : avoir jumelé Louvemont-Côte-du-Poivre avec Grimaud, son village natal dans le Var, «car on n'oublie jamais ses racines» reconnait-il avec le zeste d'accent qui lui reste, et avoir goudronné la route qui mène au village. En plus de l'organisation du grand raoût mémoriel tous les premiers dimanches d'août.

Délinquence et caméras

Dans le microcosme des «villages morts pour la France», ce mandat de maire, peu connu, se transmet parfois de père en fils comme un bon filon. Né à 800 kilomètres d'ici, François-Xavier n'est pas un fils à papa de la mémoire, mais un praticien hospitalier qui s'est intéressé aux «gueules cassées» et pour qui le mandat apparaissait comme une sorte d'approfondissement. 

En attendant, en mars 2020, comme partout en France, une élection municipale a lieu à Louvemont-Côte-du-Poivre. Sans votes, sans concurrents annoncés et sans affichages, elle ressemble à un boulevard pour «FX» qui souhaite poursuivre comme «président de la commission municipale», le nom officiel de son mandat. C'est le préfet, aidé par le conseil départemental, qui choisit et il devrait le reconduire dans ses fonctions. «Ca ne se bouscule pas au portillon pour reprendre le flambeau», en reconnaissant le caractère symbolique de ce moment.

Pourtant, sans habitants, on imagine que les problèmes de gestion doivent-être limités, n'est-ce pas ? Pas vraiment, le mur d'enceinte de la chapelle a été taggé («une profanation», juge-t-il) et des vols ont déja été constatés. «On va faire mettre des caméras municipales pour surveiller les allées et venues», promet-il. Tout compte fait, François-Xavier Long est un maire comme les autres. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités