«Consentement n. m. - Donner son accord à une action, à un projet ; acquiescement, approbation, assentiment.» Si les membres du collectif #Noustoutes se chargeaient de l'édition du Larousse, elles ajouteraient probablement «notion trop souvent oubliée en matière de sexualité» à cette définition.
En février 2020, ce groupe militant a lancé une enquête anonyme d'envergure sur le consentement dans les rapports sexuels hétérosexuels. Et les résultats font froid dans le dos.
En 10 jours, 108 947 personnes ont répondu au questionnaire, dont 96 600 femmes. Les résultats de l'étude concernent uniquement les réponses de ces dernières car celles «des hommes, des personnes non-binaires et de celles ayant coché "Autres" n’étaient pas assez nombreuses pour être utilisées».
Après analyse, il en ressort que 9 femmes sur 10 déclarent avoir fait l’expérience d’une pression pour avoir un rapport sexuel. Cette proportion est «quasiment identique dans toutes les tranches d’âge, un peu plus élevée chez les plus de 25 ans». Dans 88% des cas, c’est arrivé plusieurs fois.
©Noustoutes.org
Pour 1 femme sur 6, l'entrée dans la sexualité s'est fait par un rapport non consenti et désiré. En s'intéressant plus particulièrement à leurs réponses aux autres questions, le collectif #Noustoutes s'est rendu compte que celles qui commencent leur vie sexuelle de cette façon «sont bien plus souvent confrontées à des violences» par la suite.
Là où 49,1% des répondantes déclarent avoir fait l’objet de remarques dévalorisantes sur le fait de ne pas avoir envie d’avoir un rapport sexuel, le chiffre passe à 64% pour celles qui ont débuté leur vie sexuelle par un rapport non consenti et désiré.
Les mots les plus souvent évoqués sont «frigide», «coincée», «pas normale» et «chiante». Globalement, le chantage et la dévalorisation sont souvent mis en avant, au travers de commentaires tels que : «De toute façon à part moi qui voudrait d'une baleine comme toi» ou «A force je vais aller voir ailleurs».
©Noustoutes.org
De manière plus globale, 81,2% des femmes rapportent des faits de violences psychologiques, physiques ou sexuelles au cours de rapports sexuels avec un ou plusieurs partenaires. A la question «avez-vous déjà fait l'expérience, avec un ou plusieurs partenaires, d'actes sexuels non consentis, avec ou sans pénétration», 67,5% des femmes (soit 2 sur 3) ont répondu «oui».
Sachant qu'un acte sexuel non consenti constitue une agression sexuelle, voire un viol selon le code pénal, le collectif #Noustoutes profite de cette enquête pour demander au gouvernement d'agir.
D'abord en lançant «une enquête représentative et massive» sur la thématique du consentement, ensuite en créant «un module obligatoire dans la scolarité sur la question de l’égalité et sur la prévention des violences sexistes et sexuelles». Le groupe militant souhaite également qu'«un seuil d’âge de non-consentement» soit fixé pour les enfants. En-dessous de celui-ci, un acte sexuel sur un mineur serait systématiquement considéré comme un viol.
En parallèle, #Noustoutes a encouragé les femmes à témoigner sur les réseaux sociaux grâce au hashtag #Jaipasditoui, afin de «rappeler qu’un rapport intime doit être basé sur un accord réciproque, sur le désir, le respect et le plaisir».
#Jesuisvictime pour ce que j'ai vécu à mes 8, 18 et 19 ans. Aujourd'hui j'en ai 28 et je n'en parle que depuis 2 ans. Et si je peux parler, c'est grâce à celles qui ont ouvert le chemin avant moi, grâce à des associations comme @NousToutesOrg qui portent nos voix. #JaiPasDitOui
— Aurore.S (@Sciaccacella) March 3, 2020
Un paquet de fois, j'ai pas dit oui. Je voulais pas le frustrer, je voulais pas paraître coincée, j'ai pas dit oui. J'ai pas dit non plus que ça devait s'arrêter #JaiPasDitOui #noustoutes #JeSuisVictime
— Po (@poplitnoeud) March 3, 2020
Nous n'avons pas le luxe, nous, femmes ayant déjà été violées, de séparer la femme de la victime.#CesarDeLaHonte #JaiPasDitOui
— Fatima Benomar (@fatimabenomar_) March 3, 2020
Pour #Noustoutes, il est important que le consentement devienne «un sujet politique», en tant qu'enjeu d'une égalité que «nous ne pourrons pas construire entre les sexes si le corps des femmes est nié, si leurs désirs sont ignorés de leurs partenaires ou d’elles-mêmes, si elles ne sont pensées dans la sexualité que comme objets et non sujets».