Une semaine seulement après son entrée en campagne, Agnès Buzyn semble avoir enclenché ce qui a tant fait défaut à Benjamin Griveaux pendant des mois : une dynamique positive. Soutenue par des pontes de la macronie, la protégée du président commence même à monter dans les sondages et talonne désormais ses deux principales adversaires, Anne Hidalgo et Rachida Dati.
Il faut dire que pour sa première plongée dans le grand bain d'une campagne politique, Agnès Buzyn est bien entourée. L'ancienne ministre de la Santé bénéficie en effet des conseils de certains membres de la garde rapprochée d'Emmanuel Macron. Parmi eux, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, Sylvain Fort, l'ancien directeur de la communication d'Emmanuel Macron ou encore Jean-Marie Girier, l'actuel directeur de cabinet du président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand.
Même constat sur le terrain, où elle profite de l'ancrage local et des réseaux des trois maires sortantes ralliées à LREM, Florence Berthout (ex-LR et maire du 5e), Delphine Bürkli (ex-LR et maire du 9e) et Frédérique Calandra (ex-PS et maire du 20e), ainsi que du député (ex-LR, désormais Libres !) Pierre-Yves Bournazel.
Pour le spécialiste de la communication politique Philippe Moreau-Chevrolet, la candidate LREM affiche ainsi une «communication de rupture» vis-à-vis de Benjamin Griveaux, avec un «style beaucoup plus quotidien, terre à terre, bienveillant et gentil». Loin des «envolées lyriques» et de la «communication menée "tambour battant"» de ce dernier, Agnès Buzyn reprend, selon lui, les «bases de communication de LREM». C'est-à-dire, une campagne de terrain axé sur les enjeux chers à la population.
«En ça, on peut aussi penser qu’elle s’aligne sur la campagne de terrain de Rachida Dati [...] avec l'ambition de capter l’électorat de droite», ajoute le professeur de communication politique à Sciences Po. Une opinion partagée par Cédric Villani. Le candidat dissident LREM, désormais sans étiquette, a en effet laissé entendre ce dimanche sur Cnews que le programme d'Agnès Buzyn était calqué sur les mêmes priorités que celles de la candidate des Républicains : «sécurité» et «propreté».
Une stratégie qui semble s'avèrer payante puisqu'en quelques jours à peine, Agnès Buzyn a réussi à renverser la tendance dans les enquêtes d'opinion. Alors que chaque sondage se révélait pire que le précédent pour Benjamin Griveaux, voilà que la nouvelle candidate atteint les 19 % dans le dernier sondage Ifop-Fiducial paru ce dimanche 23 février, talonnant ainsi ses deux principales rivales, Anne Hidalgo (24 %) et Rachida Dati (22 %).
Jugée «plus à même de conquérir les électeurs» que Benjamin Griveaux dans les rangs de LREM, il n'en demeure pas moins que la victoire d'Agnès Buzyn est loin d'être assurée. «Ça va être difficile de gagner cette municipale», estime Philippe Moreau-Chevrolet, alors que cette élection est, selon lui, marquée par le «retour du clivage droite-gauche», associé à un «dégagisme présidentiel qui semble évident». Si elle réussit, ce sera «un exploit olympique», prédit-il. Elle ferait encore «mieux qu'Emmanuel Macron».