Emmanuel Macron a ouvert, samedi 22 février à Paris, la 57e édition du Salon de l'Agriculture. Contrairement à l'année dernière, où il était resté quatorze heures sur place, le chef de l'Etat ne prévoit pas, cette fois, de battre un record de durée de visite, a déjà fait savoir l'Elysée. Mais il va devoir, dans tous les cas, composer avec de nombreux dossiers.
Quelques heures après un sommet européen extraordinaire et décisif à Bruxelles, où les dirigeants européens doivent s'entendre sur le prochain budget de l'Union européenne pour la période 2021-2027, la politique agricole commune (PAC) sera ainsi au coeur de toutes les discussions.
Premier poste de dépenses communautaires, la PAC, dont dépendent les aides européennes accordées aux agriculteurs, est en effet sous la menace d'un sérieux coup de rabot, avec le départ du Royaume-Uni de l'UE entraînant une perte sèche de 75 milliards d'euros.
Pas de discours formel sur la PAC
Si, à Bruxelles, Emmanuel Macron a promis de défendre «une revalorisation nécessaire» du budget de la PAC, les discussions entre partenaires européens s'annoncent d'ores et déjà très tendues.
Au point même qu'à ce stade, il n'est pas prévu que le chef de l'Etat fasse de discours formel sur ce thème au Salon de l'agriculture, quand bien même les discussions sur le budget européen sont suivies de très près par les organisations agricoles.
En l'état, et preuve que le dossier est très sensible, seules «des discussions lors du Salon» sont prévues en cas d'accord trouvé à Bruxelles, selon l'Elysée.
Loin de ses deux précédents records de 2018 et 2019, où le président de la République était resté douze et quatorze heures au Salon, Emmanuel Macron devrait par ailleurs avoir droit cette année à une visite plus courte qu'à l'accoutumée.
Toujours d'après l'Elysée, pour cette édition 2020, «l'idée est d'aller à la rencontre de ceux qui ont des inquiétudes plus marquées, compte tenu de l'actualité, et sans se placer dans la perspective d'un record à battre».
Echanges rapprochés avec éleveurs et viticulteurs
A mi-mandat du quinquennat, et l'échéance des municipales approchant, le tout dans un contexte social toujours très agité, difficile pourtant de pas y voir la volonté d'une communication maîtrisée.
Après un passage obligé vers 8 h devant la vache égérie du Salon, une Charolaise baptisée Idéale, Emmanuel Macron concentrera ainsi ses échanges avec des éleveurs et des viticulteurs.
Face aux premiers, un mois après les annonces du gouvernement visant à interdire la castration à vif des porcelets et le broyage des poussins d'ici à la fin de l'année 2021, la question du bien-être animal devrait revenir sur la table, surtout que l'exécutif est à nouveau mis sous pression après la diffusion d'une nouvelle vidéo choc de l'association L214, faite dans un abattoir de Dordogne.
Malgré un record des exportations de vins et spiritueux français qui a atteint 14 milliards d’euros en 2019, Emmanuel Macron devra aussi rassurer une filière viticole en plein doute, après les déclarations très virulentes du président américain Donald Trump menaçant de taxer durement les vins français vendus aux Etats-Unis.
De leur côté, les pêcheurs devraient eux aussi alerter sur leur sort, alors qu'avec le Brexit plusieurs zones de pêche britanniques leur sont désormais inaccessibles.
Loi Egalim et pesticides également au menu
A la mi-journée, au cours d'un déjeuner organisé avec les principaux représentants des filières et des interprofessions agricoles, c'est la loi dite Egalim, issue des Etats généraux de l'alimentation, qui devrait ressurgir.
Votée en octobre 2018 et entrée en vigueur le 1er février 2019, cette législation, en ayant revu l'encadrement des promotions opérées par les distributeurs, est censée mieux rémunérer les producteurs.
Mais encore aujourd'hui, beaucoup d'entre eux, ne voyant pas leurs rémunérations s'améliorer, estiment que les enseignes ne jouent pas le jeu. Trois acteurs majeurs du secteur ont d'ailleurs récemment écopé de lourdes amendes.
Autres sujets et non des moindres : les zones de non traitement (ZNT) aux pesticides près des habitations qui ont été mises en place au 1er janvier et qui ne semblent contenter personne. Après avoir été férocement combattues par les agriculteurs, des maires antipesticides et des ONG écologistes qui estiment que les distances d’épandage sont insuffisantes pour protéger les populations, ont en effet décidé de saisir le Conseil d'Etat.
«Le président aura à coeur de rappeler d'où on vient : une crainte pour la santé publique, une décision de justice administrative du Conseil d'Etat (qui a refusé de suspendre l'arrêté sur les distances d'épandage le 14 février dernier, ndlr) et d'un avis d'une agence sanitaire qui précise les mesures qu'il faut prendre pour limiter l'exposition des riverains», tient toutefois à rassurer l'Elysée.