Le Salon de l’agriculture démarre dans dix jours (le 22 février, porte de Versailles à Paris). Il est donc temps pour Emmanuel Macron de séduire la profession. Alors que les sujets de tensions sont nombreux, le président reçoit les représentants de syndicats agricoles ce mardi après-midi.
Il s’entretiendra d’abord avec Christiane Lambert, de la FNSEA, avant d’échanger avec Samuel Vandaele, des Jeunes agriculteurs, Nicolas Girod, de la Confédération paysanne, Bernard Lannes, de Coordination rurale, et Pierre Thomas, du Mouvement de défense des exploitants familiaux.
Traînant l’image d’un «président des villes», Emmanuel Macron doit utiliser la séquence pour flatter un monde agricole en difficulté, qui bénéficie d’une large cote de sympathie parmi la population (85% de bonne opinion ou très bonne des agriculteurs, selon un sondage réalisé en février 2019). A quelques semaines des élections municipales, et alors que 85% à 90% des communes françaises sont considérées comme «rurales» (en fonction des seuils pris en compte), l’objectif est également politique pour le chef de l’Etat.
Beaucoup de points chauds
Les sujets de discorde ne vont pas manquer à l’Elysée. Depuis le 1er janvier, des zones de non-traitement aux pesticides sont mises en place, de 5 à 10 mètres des habitations. Mécontents, les cultivateurs réclament des dérogations à cette mesure, synonyme de manque à gagner sur les portions de parcelles non traitées.
Le revenu des agriculteurs est d’ailleurs un autre sujet de crispation, avec le bilan très mitigé de la loi Egalim (loi Alimentation). Elle devait protéger ceux vendant à perte, par une meilleure répartition de la valeur d’un produit (animal ou végétal) entre les différents maillons de la chaîne d’approvisionnement (producteurs, industriels, distributeurs…). Or, un an après, beaucoup de filières estiment que la grande distribution ne joue pas le jeu, en se montrant toujours aussi dure lors des négociations.
Emmanuel Macron devra aussi être capable de convaincre qu’il est du côté des agriculteurs, à une époque où ils sont souvent pointés du doigt par des associations écolos ou de défense des animaux. Face à un changement des pratiques qui semble inéluctable, la profession veut se sentir protégée. «Tout le monde a un avis sur l’agriculture, c’est la preuve de l’attachement de nos concitoyens à ce qu’ils mangent, mais il ne faut pas que cet attachement devienne un empêchement à produire par des contraintes de plus en plus fortes qui découragent», affirme ainsi Jean-Luc Poulain, agriculteur et président du Salon de l’agriculture.
des réponses attendues pour un mal-être
Le président sera aussi questionné sur les solutions à apporter au mal-être paysan, alors que la Mutualité sociale agricole (MSA) a dévoilé l’été dernier le chiffre de 605 suicides par an chez les agriculteurs, exploitants et salariés (statistique de 2015). Soit près de deux par jour. Le risque de mettre fin à ses jours y est 12,6% plus élevé que dans le reste de la société.
La MSA avait par ailleurs indiqué l’an dernier la baisse constante du nombre d’agriculteurs, passant de 514.000 en 2008 à 448.500 dix ans plus tard.