Encore des efforts à faire. Selon le dernier baromètre Ifop pour Autre cercle, association qui lutte contre les discriminations, 25% des personnes LGBT ont déjà été victimes de moqueries, d’insultes ou d’agressions à caractère LGBTphobes au travail. Une situation moins préoccupante dans les organisations signataires de la Charte d’Engagement LGBT de l’Autre Cercle.
La Charte, élaborée en 2012 à l’initiative de l’association et de plusieurs entreprises, a pour ambition «d’assurer un environnement de travail inclusif pour les personnes lesbiennes, gay, bisexuelles ou transgenres (LGBT)». Elle a été signée par une soixantaine d’entreprises nationales, régionales, et de collectivités. Pourtant, le baromètre* montre que les discriminations à l’égard des personnes LGBT sont toujours présentes et s’expriment de diverses manières.
DES AGRESSIONS LIÉES À L’ORIENTATION SEXUELLE
25% des personnes LGBT en activité en France ont déjà été victimes d’au moins une agression LGBTphobe au sein de leur entreprise. Une proportion presque équivalente chez les salariés LGBT travaillant dans les organisations signataires de la charte (24%). Ces agressions sont de différentes formes : elles vont de la moquerie (19% des LGBT en France en ont été victimes), aux injures et insultes (14%), en passant par une mise à l’écart des autres salariés, (13%) et voire même à des agressions physiques ou sexuelles (10%).
Ces agressions touchent davantage les hommes homosexuels (28%), et les personnes transgenres (28%) que les femmes lesbiennes (24%) et les personnes bisexuelles (18%). Elles sont aussi inégalement réparties en fonction du profil des victimes : 41% des LGBT hommes ayant une apparence dite «féminine» subissent des moqueries, contre 15% des hommes ayant une apparence «masculine». Les personnes LGBT non-blanches sont également plus concernées par les remarques désobligeantes (34% des personnes non-blanches contre 18% des personnes blanches).
Dans la majorité des cas, ces moqueries, insultes ou menaces sont proférées par des collègues du même niveau, et plus rarement par un supérieur hiérarchique ou une personne subordonnée.
DES inégalités de traitement au travail
Les personnes LGBT sont aussi victimes de discriminations par la direction de leur organisation. 18% des personnes LGBT en activité en France ont subi des inégalités de traitement en raison de leur orientation sexuelle, comme des inégalités salariales, des inégalités dans le recrutement ou dans les missions confiées. Une proportion moindre (12%) dans les organisations signataires de la charte.
Cette situation peut pousser les personnes LGBT à cacher leur orientation sexuelle au travail. Parmi les salariés en couple avec une personne du même sexe, 77% ont déjà renoncé volontairement, au cours de leur carrière, à s’afficher en tant que tels. Aujourd’hui en France, 49% des personnes LGBT restent discrètes sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, et ne l'affichent pas auprès de leurs collègues. «Un phénomène d'auto-exclusion qui pèse sur le moral et le bien-être au travail de ces personnes ; plus de trois sur dix déclarent en effet mal vivre le fait de ne pas être visible», analyse Autre cercle.
Pourquoi règne-t-il une telle omerta sur l'orientation sexuelle des personnes LGBT ? Pour Alain Gavand, Vice-président de la Fédération nationale de l'Autre cercle, «bien souvent, l'orientation sexuelle et l'identité de genre sont perçues comme une thématique "hors-sujet" dans le monde du travail, parfois taboue, parfois minimisée et considérée comme se rapportant à la seule sphère privée». Il est donc important pour l'Autre cercle de continuer à sensibiliser l'ensemble du personnel des entreprises, LGBT ou non, pour garantir un monde professionnel plus inclusif, où les personnes LGBT n'auraient pas à se cacher.
*Étude Ifop pour l’autre cercle réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 12 au 24 avril 2019 auprès de 1 229 personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres, extrait d’un échantillon de 13 346 personnes représentatif de la population métropolitaine âgée de 18 ans et plus ; et du 4 au 30 novembre 2019 auprès d’un échantillon de 16 953 salarié·e·s et agent·e·s travaillant dans les organisations signataires de la Charte d’Engagement LGBT+ autre cercle.